• Rue du Docteur Paul Brousse Paris 17ème - "Boucherie fermée pour cause de santé"


    La pénurie de logements à des prix abordables fait fuir le parigot de sa ville. Jadis, on "montait" de sa province à Paris pour y faire carrière. Désormais on y naît, puis on la quitte.

    La ville a compté jusqu'à près de 3 millions d'âmes en 1921, record historique. En 2011, la population de Paris dépasse tout juste les 2 millions. Et la décroissance va se poursuivre car il faut s'attendre, dans les prochaines années, à un "double déficit migratoire": celui des "jeunes actifs de 25 à 39 ans" qui vont, de plus en plus quitter Paris, pour élever leurs enfants dans un environnement moins urbain, moins pollué et celui des seniors de 55-64 ans qui vont en partir pour passer leur retraite sous des cieux moins coûteux.

    S'il s'avère que l'emploi et le cadre de vie sont les deux motivations déterminantes des Français pour choisir leur lieu de résidence, selon chacun de ces deux critères, la capitale tend à devenir dissuasive. Résider en Ile-de-France est bien plus souvent vécu comme une contrainte que comme un choix.

    Désormais qui peuplent les quartiers "populaires" des 18, 19 et 20ème arrondissements, hormis une foule d'immigrés d'Afrique et du Maghreb ? Dans certains secteurs, il ne reste que les seniors peu fortunés qui n'ont pu fuir.
    Mais depuis quelques années, de nouveaux contingents arrivent ici: ce sont les écolos-bobos qui trouvent ces quartiers si "authentiques" et tellement "tendance". Grâce à eux (ou à cause d'eux ?), Paris a su créer un contre-ghetto, là où certains quartiers de cette belle ville ressemblent à ceux du 9-3.

    Certes le prix de l'immobilier est au firmament, certes trouver un logement en location à un prix décent est impossible, sauf pour les nantis et les fonctionnaires qui bénéficient d'avantages certains, mais il y a beaucoup plus grave: les commerces ferment en masse, l'activité est paralysée, le stationnement impossible et les embouteillages sont légions et gigantesques … tout cela ne va-t-il pas finalement, transformer Paris en cité fantôme ?

     

     >> Paris, n'est pas un musée.

    >> Paris a-t-il perdu son âme ?

     

     


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  • Du 26 au 30 de la rue de la Tombe-Issoire, les façades des immeubles affichent, depuis déjà bien longtemps, des ouvertures murées de toute part.

    Mais derrière ces murs aveugles, il y a pourtant quelque chose d'unique à Paris: la vielle ferme de Montsouris et ses 2700 m2 de terrain, … de quoi aiguiser l'appétit d'un promoteur.

    De la ferme de Montsouris qui a fourni du lait frais aux Parisiens jusque dans les années 1930, il ne subsiste aujourd'hui qu'une grande cour avec une grange, et un cellier voûté.

    Et sous la ferme,  il y a les carrières de Port-Mahon qui font partie de l'un des tous premiers circuits des catacombes de Paris. Et, c'est bien là "le hic" car le projet d’immeubles que le promoteur compte y construire se heurte jusqu’à présent à cet obstacle de taille : l’existence, sous l’intégralité du terrain, de carrières médiévales classées "Monument Historique".

    Alors, défenseurs du patrimoine et promoteurs s’affrontent sur ce dossier immobilier depuis maintenant près d’une décennie. Et le bras de fer n'est pas près d'être terminé …

    Le collectif d'associations, qui s'est formé pour défendre ce monument historique "rarissime", dénonce la "pseudo-restauration", proposée par le promoteur, qui servirait surtout à poser les fondations d'immeubles neufs. La juge des référés du tribunal administratif de Paris vient de lui donner raison le 13 juillet dernier, en estimant le projet "susceptible de porter atteinte à l'intégrité du monument".

    Pour dénouer l'affaire, plusieurs propositions de rachat du terrain ont été faites au promoteur par diverses parties prenantes, en vue d'une restauration de la ferme Montsouris avec comme but final, celui de créer une ferme bio ou des équipements culturels.

    Et maintenant, voilà que les "people" s'en mêlent, et parmi eux: Lorànt Deutsch dont l'amour pour Paris ne peut être mis en doute; mais que penser de son acolyte, chef au Meurice, qui prêche pour une ferme bio avec son bestiaire, le tout associé à un restaurant haut de gamme, … le fumier de l'étable va-t-il côtoyer le fumet des plats gastronomiques … ?

    Finalement, le statuquo pourrait durer encore longtemps car le meilleur atout pour la défense du site reste sans doute son sous-sol, trop fragile pour supporter de nouveaux immeubles et dont le classement désormais définitif n'autorisera pas l'édification de fondations souterraines …

    Issoire, ce géant de légende, dont la tombe serait située dans le secteur, serait-il en train de se rappeler à notre mémoire, en envoyant d'outre-tombe un message aux promoteurs : celui de passer leur chemin … ?



    >> Site du collectif des associations de Sauvegarde du 26 rue de la Tombe-Issoire.

    >> Lorànt Deutsch à la ferme …



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  • Palais des Congrès de la Porte Maillot -  75017 Paris.
    Construit à partir de 1970 et inauguré en 1974, c'est un exemple de l'architecture des 30 Glorieuses.

     

     Lequel d'entre nous n'a jamais maugréé : "Ah c'était quand même mieux avant !"
    Certes, on peut penser qu'il y a toujours eu - et qu'il y aura toujours - des "vieux cons" qui regrettent le passé et leur jeunesse.

    Vous avez dit "Nostalgie"… ?
    "La nostalgie, c'est le désir d'on ne sait quoi ", a écrit Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes. Ce sentiment repose sur des mécanismes d'idéalisation du passé. Le temps filtre les aspects négatifs du souvenir. Il ne reste que le positif.

    Bien évidemment, tout cela est hautement subjectif, mais il me semble que dans un passé pas trop lointain, les gens croyaient plus au progrès, plus à l'avenir, … plus à l'homme aussi.
    Mais depuis que le business, l'argent, la rentabilité à tout prix et l'hyperconsommation règnent en maîtres, … bref depuis que les financiers ont pris le pouvoir dans la société,  on a désappris à vivre ensemble. Le bon sens populaire a cédé la place à l'uniformisation et la sagesse s'émousse. Et, il faut bien reconnaître que l'ambiance n'est plus la même.

    Sans tomber dans la brève de comptoir, il faut aussi admettre que beaucoup d'entre-nous disent regretter la façon dont ils exerçaient leur métier. Un seul exemple, France Télécom: avant c'était une entreprise dans laquelle les gens étaient fiers de travailler, il y avait un esprit de corps… aujourd'hui, ils se suicident.

    Et cette fuite du "vivre ensemble" ne se constate pas seulement dans les relations au travail. Dans la vie au quotidien, dans les familles aussi, on était beaucoup plus proches ; il y avait du boulot pour (quasiment) tout le monde ; on pouvait vivre décemment avec un seul salaire, les enfants étaient mieux éduqués, les personnes âgées mieux considérées, il y avait plus de morale, de respect pour les valeurs essentielles.

    Alors vraiment, c'était mieux avant… ?
    Mais avant quand ? Avant 1960 … 70 … 80 … 90 ?

    De 1960 au début des années 80, la société est rétrospectivement parée de toutes les vertus et sacralisée. La France de ces années-là est devenue un mythe … Et même si, suivant les époques, il y avait du bien et du moins bien, jusqu'à la crise du pétrole des années 75 en tout cas, il semblait qu'on allait toujours vers le mieux alors que depuis 20 ans on sent, que l'on va vers le moins bien...

    Alors, marche arrière toute … ?
    A l'heure du tout numérique, rien n'est plus tendance que le "noir et blanc".
    Ah, le bon vieux temps, celui du Franc, quand la vie n'était pas aussi chère qu'aujourd'hui.
    En proie à la nostalgie, le passé serait donc devenu la valeur refuge des Français. Car les Français, d'une part insatisfaits par la période actuelle et d'autre part anxieux face aux modes de vie incertains que le futur leur réserve, se sont exilés dans le culte imaginaire des "Trente Glorieuses", … comme si l'avenir, c'était mieux avant …


    >> Les "trente glorieuses sont devant nous", de Valérie Rabault et Karine Berger.

    >> Lire aussi sur Parisperdu : "Nostalgie".

    >> "C'était mieux avant ", par Monsieur Roux.

     

     

     


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  • Dans ses billets intitulés "Démolition des murs ... démolition des vies" , Parisperdu a montré comment la volonté de certains avait eu raison de quartiers entiers de Paris. Parfois cette "rage de destruction" n'est pas le fait des hommes mais celui d'un tragique destin qui s'acharne sur certains lieux de vie.
    Dans le sud de la France, après
    Perillos, un village perdu des Corbières, après Celles un village ruiné et dévitalisé au terme d'une longue épopée; après Comes un village abandonné après de terribles années, entre 1921 et 1926, quand la sécheresse eût raison, saison après saison, de chaque récolte; Parisperdu a visité Flassa, un autre village abandonné qui gît là, posé sur la pente ... dans un paysage magnifique...


    Chaque village perdu porte les ruines de notre mémoire.




    Il faut marcher longtemps, grimper surtout et, bien après que le souffle soit devenu court, … dans un ultime lacet, apparaît soudain la récompense: l'église Saint-Maurice de Flassa, aux avant-postes du village.

    Si loin du tout, posé sur la pente, sans même un panneau pour signaler son existence, Flassa se baigne, en ce matin, dans un soleil d'été.

    C'est d'abord le silence qui vous accueille ici, celui de l'abandon, du vide.
    Pas un être humain, pas un animal, rien de vivant, … à Flassa, même les arbres sont morts !

    Dans les années 60, la fermeture des mines de fer et des marbrières, le déclin du pastoralisme, l'attrait des villes … ont été les facteurs du dépeuplement de ce territoire. A Flassa, la poignée d'irréductibles, partisans de la vie en montagne va alors se réduire progressivement, jusqu'au tournant de l'année 2000. Cette année-là, Flassa avait encore un dernier habitant, un berger, vieux, tenace, fidèle à sa maison musée alors que le reste du hameau continuait à se rider, à se creuser. Il est allé jusqu'au bout, avec ses quelques moutons et tout cet espace où le regard plonge et se perd.

    Dans sa maison, dorénavant elle aussi abandonnée, la seule encore habitable, un cantonnier de la commune voisine a pris le relai.
    Il y loge de temps à autre, surtout pendant la période des foins, où il est chargé de couper les herbages et de les stocker au rez-de-chaussée de l'habitation. Le fourrage nourrira les troupeaux de passage, jusqu'à l'approche de l'hiver.

    Pour lui rendre la vie un peu plus facile, on lui a installé une dizaine de m2 de panneaux photovoltaïques : seul signe de modernité dans le vieux village abandonné.
    Alors, timidement Flassa se dénoue de son abandon, les quelques salades et tomates cultivées par ce nouveau résident, en sont les témoins.

    Face au Canigou omniprésent, la montagne sacrée des catalans, Flassa garde une certaine noblesse. Et, lorsque Jean Giono écrit: "Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu'on ne peut connaître que par l'approche et la fréquentation amicale. Et il n'y a pas de plus puissant outil d'approche et de fréquentation que la marche à pied.", on peut penser qu'il est venu un jour jusqu'à Flassa !

    Alors nous aussi, nous vous invitons à marcher, à suer, à peiner pour atteindre ce village perdu …
    Et, tout comme Aladin qui frotte sa manche à la lampe magique, en frottant vos chaussures à la terre, à la roche, vous réveillerez l'esprit des lieux, l'esprit de ce village abandonné … au moins pendant le court temps de votre visite.


    >>  L'église Saint-Maurice de Flassa, aux avant-postes du village.

    >> Balade dans le village de Flassa.

     

     


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  • Dans mon village de vacances, on me dit qu'il existe un "petit Paris".
    Un petit Paris ?
    Je me fais, bien sûr, un devoir d'aller voir ça de plus près.

    Sur la presqu'ile qui referme le port sur lui-même, sur une hauteur qui domine même le clocher du village, il y a là, une petite dizaine de maisons, le long de deux rues minuscules : c'est le petit Paris.

    Mais rien ne semble justifier une telle appellation, ici rien de capital, tout respire la modestie … dans une torpeur bien méditerranéenne. Point d'agitation dans les rues où seuls quelques chats se prélassent au soleil et quelques résidents âgés se reposent à l'ombre du figuier.
    Alors pourquoi le petit Paris … ?

    Il faut aller chercher la réponse, dans la déformation du vocable catalan du lieu, le petit Paris serait en fait … le petit Barri, le petit quartier !
    Et, là on comprend mieux, car ce petit quartier est bien en fait une annexe du village … et ce "barri" a un charme fou … un peu comme Paris finalement !


    >> Le Petit barri de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales)



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