• Dans ses billets intitulés "Démolition des murs ... démolition des vies" , Parisperdu a montré comment la volonté de certains avait eu raison de quartiers entiers de Paris. Parfois cette "rage de destruction" n'est pas le fait des hommes mais celui d'un tragique destin qui s'acharne sur certains lieux de vie.
    Dans le sud de la France, après Perillos, un village perdu des Corbières, après Celles un village ruiné et dévitalisé au terme d'une longue épopée; après Comes un village abandonné suite aux terribles périodes de sécheresse des années 20; après Flassa, un autre village abandonné qui gît, posé sur la pente ... dans un paysage magnifique... et aussi après En qui a connu un abandon progressif … Parisperdu a visité le village de Roupidère… un village oublié puis récemment redécouvert.
    Chaque village perdu porte les ruines de notre mémoire.


    C'est au kilomètre 22 que l'on prend la piste qui s'engage sur le plateau granitique. Il faut ensuite trouver cet étroit sentier sur lequel maintenant Georges avance d'un pas décidé.

    Nous ne pouvions avoir de meilleur guide que Georges, édile du village d'en-bas. Car là-haut, sur le plateau de Roupidère, en quête du village abandonné, aucune indication ne permet de trouver l'ancien lieu de vie.

    Roupidère, dont le nom est dérivé du latin "rupes" (rochers), est également appelé "Ropidère" ou "Les Cases". Le lieu ne comporte que quelques habitations ruinées que l'on ne savait plus précisément situer au sein de l'épaisse garrigue qui couvre le plateau. Jusqu'à ce jour d'août 2005 où un gigantesque incendie a permis de mettre à jour le village.

    Au Moyen-âge, les maisons et leur église constituent un village assez important car il existe à Roupidère un village d'amont et un village d'aval, avec donc une rue haute et une rue basse. Roupidère continuera d'exister ainsi jusqu'au XVIe siècle.

    Mais, dès les années 1370/1380, le village est menacé par les pillards, issus des Grandes Compagnies de Du Guesclin, qui sèment la terreur dans toute la région.
    Avec l'arrivée des pillards, beaucoup d'habitants de Roupidère se refugièrent à Rodès, sous la protection de son imposant château.

    Vers 1550 la population de Roupidère n'est plus que d'une dizaine de personnes, la mort du village est proche. La peste noire finira de l'achever quelques années plus tard.
    Puis, pendant des siècles, on oubliera même son nom !  On l'appellera de façon très anonyme "Les Cases", signifiant ainsi qu'en ce lieu il y a des maisons.

    Aujourd'hui, du village, il nous reste les vestiges de ses habitations détruites depuis bien longtemps. Son église dédiée à Saint Félix (Sant Feliu) est éventrée de toutes parts mais son abside semi-circulaire est encore bien visible. Seuls s'élèvent fièrement, les restes d'une tour de défense accolée à la partie orientale de l'église.

    Tout autour, le panorama est somptueux, extraordinaire … avec le Canigou en toile de fond. C'est dans cet environnement grandiose que Georges nous contera la vie de labeur de ses anciens sur cette terre isolée. Et si Georges a tout d'un historien érudit, il est aussi poète à ses heures. L'ode à l'amour du Canigou, qu'il a composée en est un témoignage vibrant. 

    Et là, adossé à l'église de Roupidère, face au mythique sommet catalan, nulle part ailleurs qu'en cet endroit, les vers du poème de Georges n'auraient pu sonner aussi juste …


    >> Au kilomètre 22, le 22 août 2005 …

    >> Église Saint-Félix de Roupidère …

    >> Georges, adossé à l'église de Roupidère, lit son ode au Canigou …

     

     


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  • Le Marinier _ 53 quai Panhard & Levassor Paris 13ème (1997) 

    Avant la restructuration brutale du quartier Paris Rive Gauche, il y avait sur la totalité de la  longueur du quai Panhard & Levassor toute une vie de petits labeurs, coincée entre la Seine et les voies de chemin de fer.

    Le populo, les mariniers, les dockers se mêlaient aux livreurs de la Sernam dans les nombreux bistrots qui faisaient face au fleuve. Souvent ils avaient des noms en rapport avec les activités portuaires du lieu: le bar de la Marine, le Marinier, le Navy …

    Tous ont disparu quand la spéculation immobilière a décidé d'investir dans le quartier - ou plutôt d'investir le quartier. Tous ont été rasés pour faire place nette aux froids immeubles de verre et de béton qui désormais accueillent de nouvelles enseignes qui ne font plus rêver : Mezzo di Pasta, Sushi Massena, Bio Art …

    Le midi, ce n'est pas le populo qui se presse au comptoir de ces modernes bistrots, mis à part quelques rares étudiants de Paris Diderot, ce sont surtout des cadres de Bercy et de la BNP ParisBas. La carte est un brin prétentieuse, les prix plutôt délirants.

    Et l'on ne peut qu'être triste en songeant qu'il y avait là des resto-bars "cradingues", mais tout à fait authentiques. Bourguignon le lundi, Parmentier le mardi, Blanquette de veau le mercredi, Couscous le jeudi, Brandade le vendredi … c'était immuable, et à des prix en francs qui n'ont plus cours aujourd'hui (ni les prix, ni les francs !) … pichet de côte du Rhône compris …
    Feu "le Mariner " vous souhaite un bon appétit !


    >> Voir aussi : "Au bar de la Marine".

    >> "The place to see before you die".

     


     


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