• Passage Brady - 75010 Paris


    A quelques jours de mon départ pour le sud de l'Inde (Parisperdu va donc fermer ses portes pour une petite quinzaine de jours), il m'a semblé pertinent de faire un tour du côté de "Little India, in Paris". Le passage Brady en est le cœur, un cœur bien vivant, très palpitant même …

    Dès l'entrée dans ce passage, tous les sens sont sollicités: par la lumière de sa somptueuse verrière, par les devantures colorées, par les odeurs épicées, par le sourire des vendeurs en habits traditionnels et aussi par les rabatteurs de restaurants … moins traditionnels mais tout aussi souriants !
    On est illico transporté en Inde.

    Longtemps le passage a été menacé de fermeture par manque d'entretien et défaut d'hygiène, mais  justement, l'Inde c'est aussi un peu ça ! Des travaux de restauration sont en cours: nécessaires sans doute, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité … mais attention, il ne faudrait pas transformer ce bazar coloré en galerie marchande trop huppée …

    Car ici, outre les nombreux restaurants fleurant bons le masala, les biriyani et autres dhal … c'est surtout le bazar Velan qui attire mon attention : … on y trouve de tout : des tissus pour saris aux noix de lavage, des condiments doux aux épices de feu …

    Velan, Fils de Shiva et de Parvathi, est le Dieu le plus populaire auprès des hindous d'origine tamoule, donc du sud de l'Inde .

    Alors pas de doute, mon voyage a déjà commencé …



    >> L'épicerie-Bazar Velan, blog officiel.

    >> 33, Boulevard de Strasbourg - 75010 Paris: l'une des 4 entrées du  "Passage Brady".

    >> "Velan", je viens de visiter le même bazar à Pondichéry.

    >> "Les passages couverts de Paris" par Sybil Canac et Bruno Cabanis aux éditions Massin.

     


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  • 25, rue Boyer - Paris 20ème: la coopérative "La Bellevilloise".


    Tout comme John Fitzgerald Kennedy proclamait à Berlin-Ouest "Ich bin ein Berliner", moi aussi j'ai envie de crier : "Je suis un Parisien" car, même si je ne suis pas né dans cette ville, il y a longtemps qu'elle et moi nous nous sommes mutuellement adoptés.

    Et tout comme certains Berlinois peuvent être nostalgiques de l'ex-RDA (la fameuse "Ostalgie"), moi aussi je suis parfois nostalgique de l'Est de Paris, celui du temps où il avait encore quelque chose d'humain, mâtiné d'un certain charme de quartiers un peu désuets: des entrepôts de Bercy aux terrains vagues du haut-Belleville.

    Aujourd'hui, à Belleville comme à Ménilmontant, l'Ostalgie refait surface, celle d'un Paris populaire et d'une époque industrieuse … toutes deux définitivement révolues.

    Pourtant, se nourrissant des souvenirs surgissant d’un passé lointain, les bars vintage de la rue Oberkampf mettent maintenant en scène cet environnement populaire: celui de la mécanique et de la petite métallurgie, qui se sont maintenues ici, jusque dans les années 60.

    A côté de ces bars plus ou moins authentiques, on rénove la Maison des Métallos, le bâtiment de l’Union Fraternelle de la Métallurgie et celui de l’antenne CGT du 11ème arrondissement … autant de symboles de cet ancien bastion ouvrier. Si bien qu'à l’heure de la gentrification des "quartiers Est", la nostalgie ouvrière semble fonctionner à plein.
    Ce changement sociologique a paradoxalement prolongé certains particularismes du quartier : les diplômés remplacent les ouvriers dans les nombreuses associations militantes, les artistes se substituent aux artisans dans les ateliers désaffectés.

    Mais les avis sont partagés sur les conséquences des transformations urbaines qui ont lieu ici, dans l'Est parisien. Car au final, les bobos sauront-ils conserver un patrimoine en perdition ou vont-ils définitivement le réduire à néant ?



    >> "Le Mécano bar" : de la machine-outil et son outillage à l'ambiance latino et ses Mojitos ... 

    >> La Maison des Métallos.

    >> Bienvenue à Boboland.

     

     


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  • Rue de Belleville, au carrefour des rues Compans et Pixérécourt, on trouve un drôle de bâtiment avec, sur la porte en fer, une indication insolite: "Studio Le Regard Du Cygne".

    Après avoir poussé la porte de ce qui semble être une banale boutique, au bout d'un couloir, on débouche sur un lieu improbable, totalement inattendu.

    Avec  ses pavés anciens, ses murs en pierres apparentes, ses poutres en bois d'un autre temps, l'endroit a su garder l'authenticité de l'ancien relais de poste implanté là, à la fin du XVIIe siècle.

    Au début des années 80, c'est une équipe d'artistes et de professionnels, qui va créer en ce lieu un véritable conservatoire de la danse contemporaine et de l'écriture du mouvement, dans tous les styles …

    En septembre 1984, le studio s'ouvre au public et la première programmation de danse contemporaine est organisée par Amy Swanson, aussi le nom du studio va s'inspirer définitivement de son patronyme et de son regard si particulier sur l'univers de la danse…

    Depuis lors, beaucoup d'artistes, de chorégraphes, de danseurs … vont fréquenter le Studio, en lien étroit, quasi physique, avec un fidèle public.

    Le studio "Le Regard du Cygne" installé en ce lieu atypique des hauts de Belleville est désormais devenu un lieu culturel incontournable, reconnu dans le paysage artistique parisien, … et même bien au-delà.

     

    >> En savoir plus.


     


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  • Mai 68 restera pour Elie une date importante, non pour les évènements qui marquèrent cette époque mais par le fait qu'il quitta alors, et en bons termes, son patron de la rue du Caire pour se mettre couturier à son compte, dans les hauts de Belleville.

    Elie s'installa près du métro Pyrénées aussi, avait-il coutume de dire qu'il avait atteint les Pyrénées en passant par "le Sentier" !
    Il occupait, au premier étage, un deux pièces que lui sous-louait son frère. C'est-là, dans un immeuble plutôt vétuste, qu'il implanta son atelier de "sur demi-mesure". Le terme ne figure pas au registre des métiers pour la bonne raison qu'à Paris, seul Elie a pratiqué cette activité.

    Elle consistait à fabriquer des costumes sur mesure à partir de vêtements "grands patrons", on dirait aujourd'hui XXL, souvent invendables et que lui cédait à bon prix son ancien employeur. Comme le costume n'était pas intégralement fabriqué "sur-mesure", Elie avait inventé le terme de "demi-mesure".

    Rapidement le bouche à oreille fonctionna et Elie fut obligé de chercher des sources d'approvisionnement complémentaires à celle de son ex-patron.
    Il faut dire qu'Elie avait le génie de la coupe et ne vivait que pour la couture. Aussi fallait-il le voir, tel un maître de ballet, le mètre-ruban autour du cou, la pelote d'épingles au poignet et la craie de couturier en main, tournoyer autour de son client pour lui ajuster au mieux sa tenue … ajouter un peu d'étoffe au niveau de la poitrine pour les messieurs à fort jabot ou au contraire en retirer pour ceux aux fesses plates …
    Pour le pantalon, il ordonnait au client de faire lui-même la mise en place de la "partie intime", en s'exclamant : "le fusil à gauche, s'il vous plaît, toujours à gauche, … !"

    Puis, à la fin de l'exercice pratique, Elie retrouvait rapidement son âme de commerçant : "Je te fais le second à moitié prix, crois-moi c'est une affaire" lâchait-il systématiquement, sans que l'on comprenne bien si la bonne affaire était pour le client … ou pour lui ?
    Mais vous aviez passé avec ce dôle de petit bonhomme un bon moment et vous repartiez toujours de la rue des Pyrénées, le cœur plus léger, … le portefeuille aussi.



    >> Denise, ouvrière en voie de disparition.

    >> Artisans, générations perdues.




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  • Chez Freddy (aujourd'hui fermé), un des derniers cafés de la rue de Tourtille Paris 20ème_ Photo: © Sylvaine Conord


    Une ville en recouvre toujours une autre. A Belleville, avec les destructions d'îlots anciens remplacés par des constructions plus ou moins anarchiques, les frontières des migrants se sont déplacées au fil des années. Les Chinois dans le bas-Belleville ont déplacés les juifs séfarades qui eux-mêmes ont poussés les arméniens hors de Belleville.

    Pour comprendre, pour sentir ces évolutions, le mieux est de pousser la porte d'un café de Belleville.
    Une fois à l'intérieur, il faut choisir sa table, idéalement dans un angle de la salle, mais assez près du zinc afin de pouvoir écouter et observer les figures locales qui se relayent ici pour prendre leur quart sous des néons d'une autre époque. A l'opposé du comptoir, aux tables du fond de la salle, de vieux clients impassibles ont leurs habitudes: rêvasser là, sans un mot, dans un décor baroque.

    Mais ces dernières années, le quartier est devenu un genre de Brooklyn parisien sans qu'on sache très bien de quel côté il va dériver. Vers un riche melting-pot à la new-yorkaise, produit de l'incessant métissage et de la boboïsation. Ou vers un quartier où la haine entre les communautés est explosive?

    Dans tous les cas, on aurait bien besoin des bistrots de quartier où il fait bon se coudoyer… Mais en restera-t-il encore ? Alors que tous ferment les uns après les autres.


    >> "Belleville Cafés" par Anne Steiner et Sylvaine Conord, aux Editions L’Échappée.

    >> Tout proche de "Chez Freddy", il y avait aussi "Chez Fanfan".

    >> Malaise à Belleville.

     


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