• La technique de la dent creuse.


    Haut de la rue Gasnier-Guy, Juin 1995
     

    Nous sommes à l'époque où la ville de Paris poursuit le massacre de ses quartiers populaires.

    Rue Gasnier-Guy, dans ce quartier de Ménilmontant particulièrement éprouvé, le spectacle est hallucinant: une maison sur deux a disparu. Celles qui demeurent sont soutenues par des étais et, depuis que les maisons voisines ont été détruites, elles aussi, menacent de s'écrouler.

    C'est la technique de la "dent creuse", appliquée systématiquement par les services de la ville de Paris.
    Les terrains vagues ainsi créés de toutes pièces deviennent alors des terrains d'ordures abandonnés aux dealers et autres trafics ...
    Les habitants des immeubles voisins doivent supporter cet environnement pendant trois, quatre ans, et parfois beaucoup plus ... jusqu'à la réalisation du "projet d'aménagement de la ZAC".

    Dans la ZAC, au nom si mensonger (Zone d'Aménagement Concerté : concerté avec qui ?), les habitants des immeubles condamnés à une plus ou moins lointaine démolition ne peuvent plus faire aucun travaux d'amélioration, même si certaines caisses sont prêtes à les financer, car le bailleur -- une société d'économie mixte, ou la ville de Paris -- refuse de donner son accord. Des associations ont parfois mis au point des projets de réhabilitation d'îlots entiers, à des prix défiant toute concurrence, mais ils sont systématiquement rejetés par la Ville de Paris.

    Finalement  la rue Gasnier-Guy sera totalement rasée, définitivement aseptisée, et uniformisée au nom du modernisme ... pour satisfaire quelques appétits immobiliers et quelques ambitions politiques.

    Evidemment, il y avait-là des immeubles insalubres mais il y avait aussi des immeubles de qualité qui pouvaient être restaurés ... alors ... au nom d'un indispensable progrès, on a saisi l'occasion pour expulser -- par la voie économique -- tout le "populaire" d'un nouveau centre ville devenu, pour lui, hors de prix.

    Bien sûr, les immeubles délabrés n'étaient pas extraordinaires, mais les "cages à lapins" des banlieues où les ex-habitants de la rue Gasnier-Guy sont allés s'entasser, ne valent guère mieux.



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  • Commentaires

    4
    "Je hais Paris&
    Vendredi 4 Décembre 2009 à 19:55
    "Je hais Paris"
    Auteure de l'ex-blog "Je hais Paris !", j'ai mieux compris la réalité de ce que vous décrivez dans votre blog, lors d'une escapade fortuite dans le XXème. (en bus et à pied pour des RDV). J'ai habité Paris et (détesté), pourtant je pense que j'aurais pu vivre dans le XXème "volé", celui dont vous décrivez la destruction. Je ne sais plus quelle rue, je ne sais plus quel carrefour, mais dans ce XXème-là, j'ai vu un café tout simple avec un tenant de bar souriant et qui discutait avec ses clients, en saluant des connaissances au passage sur la rue. J'ai vu l'animation et l'agitation des petits commerçants et épiciers sur la rue, qui se faisaient livrer, les clients, qui discutaient. J'ai vu une habitante au-dessus de café, qui avec le sourire, récoltait sa menthe plantée dans une jardinière. En imaginant le parfum de la menthe, et souriant malgré moi, cette habitante m'a vue dans le bus et m'a rendu mon sourire. Ca a bien durée une minute. Elle a même appelé une autre femme, et lui racontait nos échanges de regard, on se souriait toutes mutuellement, c'était incroyable. On s'est saluées. Je crois que je me rappellerai toujours ce moment. J'ai pensé en cet instant : "C'était ça Paris, avant ? ". Je pense mieux comprendre ce que me dit une parente, sur son vécu à Toulon dans les années 1970, les gens qui se parlaient de fenêtre à fenêtre, le café qu'on prenait sans penser à son porte-monnaie, avec les copains, les tournées payées, les discussions sous les arbres, dans la rue. D'autant plus que quelques minutes avant, je ne sais plus dans quelle rue, je ne sais plus quel carrefour, j'ai vu les résidences neuves "néo-classiques" toutes lisses avec digicode, qui ont sûrement remplacé de vieux bâtiments d'un étage. Le côté "aseptisé", je dirai même mort... Ces mêmes résidences qu'on retrouve presque partout dans une ville comme Levallois-Perret maintenant, entourées de café fleurant bon le "terroir" avec bière à 5 euros... J'appelle ça des "Disney cafés" comme les décors de Disneyland... Une ville est faite pour ses habitants et par ses habitants, et "on" fait de nos villes des lieux contre les habitants, et ces derniers n'ont pas la décision pour cela. Je vous souhaite une bonne continuation pour votre blog, en espérant que les consciences se réveillent, et que ce "vol" du Paris populaire, convivial, avec son patrimoine et ses habitants qui se parlent, cesse... Bien cordialement
    3
    Samedi 9 Décembre 2006 à 16:45
    ;-D
    Bien sympa ici !!! Bon we A+
    2
    Mardi 17 Octobre 2006 à 09:51
    bien d'accord
    j'ai vécu 6 ans à Ménilmontant entre 88 et 94 et ça commençait déjà, c'est terrible. La confiscation de quartier entier aux couches populaires de la population.
    1
    Mercredi 11 Octobre 2006 à 14:16
    Rue Gasnier-Guy
    Sad, but it is happening all over the world...
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