• Sur le banc avec Willy Ronis.

    Square Sarah Bernhardt, Paris 20ème


    Nous sommes au milieu des années 90 et ce-jour là, Willy Ronis me dit au téléphone: "Il fait beau, je vous propose que nous nous rencontrions dans le square, en bas de chez moi".
    En bas de chez lui effectivement car, des fenêtres de son appartement vous aviez une vue plongeante sur ce square Sarah Bernhardt, qu'il aimait tant.

    17 heures était l'heure du rendez-vous. C'était je crois, en juin ou tout début juillet. Par courtoisie, pour ne pas faire attendre Willy, je gagne le lieu du rendez-vous bien avant l'heure fixée. Mais en matière de courtoisie, ce Monsieur n'avait rien à apprendre de personne, aussi quand j'arrive sur les lieux, il est déjà là, assis sur un banc, au centre du petit square.

    De loin, je reste un moment à l'observer : il a son vieux Pentax sur les genoux, et je remarque qu'il tourne très souvent la tête sur la droite, vers le terrain de jeux des enfants.

    Soudain, tel le félin qui bondit sur sa proie, avec une vitesse et une dextérité déconcertante pour un homme de son âge, il place le viseur à son œil et prend deux ou trois clichés d'une scène où un jeune garçon, la tête en bas sur une balançoire, est poussé par une petite fille …

    Arrivé à sa hauteur, après les salutations, je demande à Willy ce qu'il vient de photographier. Il me répond laconiquement: "la vie".
    Et comme j'insiste pour en savoir un peu plus, il me rétorque:
    "Mais la vie, mon jeune ami, la vie tout simplement, rien que la vie, … mais c'est déjà pas si mal". Je n'en saurai pas plus …

    Mais maintenant que je repense à ce moment, je me rends compte que Willy me donnait, à cet instant, la clé de tout son prodigieux travail photographique. Tout au long de sa carrière, c'est en effet "la vie" qu'il s'est efforcé de saisir à travers son objectif. La vie au quotidien, simple mais sensible. Et il savait comme personne l'aborder avec empathie et lui donner cette touche de poésie qui transforme ces moments éphémères en éternité.


    >> Willy Ronis sur Parisperdu.

     

     

    « L'exemplaire "Maison Rouge".Cité Florale, un îlot hors du temps. »

    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    4
    Lundi 18 Avril 2016 à 16:39

    Mais est-ce qu'on photographie jamais quelque chose d'autre que la vie ?

      • Dimanche 26 Mai 2019 à 11:44

        Certains se contentent de photographier des natures mortes ...sarcastic

    3
    Smith Paul
    Samedi 11 Octobre 2014 à 18:53
    Willy Ronis
    Willy restera toujours un des plus grands. Merci pour ton blog.
    2
    Bernard F.
    Lundi 5 Mars 2012 à 17:56
    Jolie rencontre
    C'était et cela reste mon photographe préféré, vous avez bien de la chance d'avoir fait cette si jolie rencontre. Bravo pour votre blog. Je ne suis pas parisien mais je m'y sent bien. Merci encore.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :