• Paris, la Capitale des signes.

    Karlheinz Stierle au Collège de France à Paris, le 1er avril 2009.

    Paru à l’automne 2001, le livre de Karlheinz Stierle a été traduit en français, neuf ans après sa sortie en allemand, sous un titre un peu différent de l’original. "Der Mythos von Paris. Zeichen und Bewusstsein der Stadt", est devenu: "Le mythe de Paris. Signes et conscience de la ville".

    Le titre français, flatte quelque peu cette certitude : Paris est la capitale de bien autre chose que la France.
    Ce débordement est sans doute ce qui conduit la quête des signes lisibles dans l’ouvrage. Celui-ci raconte l’émergence d’une "conscience de la ville" dont le rapport avec Paris est posé à l’ouverture même de l’introduction en une phrase saisissante, qui définit à la fois la conscience que l’on a, à travers Paris, de la ville et, de manière plus forte, la structure même de la ville comme conscience : "C’est à Paris que la ville advient à la conscience". Comprenons : que la ville se représente elle-même comme structure de lisibilité, et Stierle fait alors défiler des textes d'auteurs, souvent français mais pas seulement, qui font émerger cette conscience de la ville.

    C’est à Paris donc que la conscience prend conscience d’elle-même comme pensée, qu’elle se découvre donc "pensée par Paris". Et c’est dans la mesure où Paris est une structure à déchiffrer, dans la mesure où la ville a une lisibilité propre, qu’elle se présente à travers un réseau de signes, que toute sa "matière" est "sémiotisée" et qu’elle se réfléchit naturellement dans les textes des auteurs sélectionnés par Stierle.

    Le signe étant toujours à la fois signe de quelque chose et de lui-même, signe du fonctionnement sémiotique même, mouvement par lequel la sémiotique de la ville "se fait réflexive". Car, selon Stierle, il y a une "expérience de la subjectivité" qui n’a lieu que dans et par la ville, car celle-ci finit par constituer un point de référence du présent. Et c’est là sans doute l'une des plus belles et plus fortes idées de ce livre si dense.

    C’est parce qu’il y a des signes qu’on a accès à l’expérience humaine mais, est-on tenté d’ajouter à la lecture de "La Capitale des signes", c’est parce qu’il y a de l’expérience qu’il y a des signes à déchiffrer.

    On pourrait alors se contenter d’aborder "La Capitale des signes" comme un très riche (et très germanique) manuel de littérature sur Paris. Mais de par son indéniable beauté, celui-ci nous permet d'apprécier le génie de Stierle à travers son expérience de Paris, ses interrogations sur sa méthode de chercheur, ses fantasmes pour appréhender une globalité et son goût du détail, son rapport au lisible et à l’indéchiffrable ….

     

    >> Déjà sur parisperdu: "Der Passagenwerk" de Walter Benjamin.

     


     

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  • Commentaires

    1
    Thomas S.
    Mardi 25 Mars 2014 à 09:44
    Intello
    Un peu trop intello pour moi, toutefois je vais essayer de lire l'ouvrage en question !
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