• Quelques traces de la vie provinciale ...

    Rue Emile Desvaux - Paris 19ème.

    Tout près de la place des Fêtes, juste au dessus, il est un petit quartier de maisons basses regroupées sur deux ou trois rues qui rompt avec le gigantisme bétonnée de la Place.

    Ces rues offrent une grande variété de constructions. On a bâti ici sans aucun souci de respecter les normes esthétiques ou les traditions locales. Le caprice personnel s'y est donné libre cours, quoique restreint par le manque d'espace, la limitation des ressources ou de sa propre imagination. Ces trois contraintes ont eu pourtant des résultats positifs. Combinées, celles-ci engendrent une sorte de non-style qui trouve sa cohérence dans une rupture continuelle des formes, du ton.
    Ici l'on improvise, mais chacun sur son thème et sans écouter le voisin.
    On comprend que j'adore cette petite cacophonie, et je voudrais dire pourquoi.

    C'est d'abord parce qu'elle est tout le contraire de ce qui progressivement l'élimine et la remplace: l'autre non-style d'une architecture de l'efficace et du profit, qui loin de manquer de moyens comme les petits entrepreneurs individualistes, consacre tous ceux dont elle dispose à rationnaliser, à maximiser le profit.

    Il se peut bien que la fantaisie timide des besogneux procède du hasard et débouche sur des maladresses. Néanmoins ces erreurs et ces insuccès détiennent sur l'imagination un pouvoir qu'exercent à l'envers - en l'étouffant- les monotones compositions rentables et rationnelles.

    L'étriqué, l'inabouti, le mal foutu laissent flotter dans l'air le possible qu'ils ont rêvé mais raté ou seulement indiqué de manière fortuite. Ces maisons souvent sans prétention gardent la trace d'une vie provinciale repliée, populaire, même un peu pauvre par endroits, du moins en apparence.
    Enfin j'aime leur humilité, ça et là démentie par un accès de prétention qui confine parfois au sublime …


    >> Tout près de là, l'horrible Place des Fêtes …

     

    « Robert et l'homme au torse nu.Aux entrepôts de Bercy. »

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  • Commentaires

    1
    Jean-Jacques Fourmon
    Dimanche 2 Juin 2013 à 23:29
    Rompez les rangs !
    "La servitude de l'alignement", ainsi que le dit la loi, est déjà un crime en ce qu'elle uniformise la rue. Et comme chacun sait, depuis Antoine Houdar de La Motte : "L'ennui naquit un jour de l'uniformité". Tout ce qui est vivant est, au moins en partie, désordonné et contrefait.
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