• Carré des biffins.

    Crédit photo ©: Association Aurore.

     

    Trois jours par semaine, Aziz déballe quelques frusques porte Montmartre, dans le 18e arrondissement. Il dispose d’un emplacement sur le "Carré des biffins", à deux pas des puces de Saint-Ouen. Un marché d’infortune, situé sous un pont du périph, où s’entassent, entre les piles de béton et les voies de circulation, des hommes et des femmes condamnés à la débrouille. Une foule d’anonymes plongés dans la précarité, et qui n’ont d’autre choix que de vendre ce qu’ils ont pu dégoter.
    Aziz vend des vêtements, des chemises surtout, "c'est le plus facile à transporter" dit-il.

     

    Les biffins – un nom tiré d’un mot de vieux français désignant les étoffes et par la suite, les chiffonniers - ont toujours exercé dans le quartier, comme leurs ancêtres le faisaient il y a cent ans dans la "zone", sur les anciennes fortifications, pour - eux aussi - se sortir de la mouïse. Ces dernières années pourtant, le phénomène a pris une ampleur inédite. Jusqu’à mille vendeurs à la sauvette arpentaient chaque jour les abords de la porte Montmartre.

    D’autres venaient y chercher ce qu’ils ne pouvaient se payer ailleurs, vêtements ou nourriture en particulier. Les descentes quotidiennes de la police ou les protestations de riverains excédés n’y ont rien changé. Face à cette réalité devenue ingérable, la mairie de Paris a fini par en autoriser la pratique, à titre expérimental, et uniquement les samedis, dimanches et lundis - jours d’ouverture des Puces de Saint-Ouen.

    Une centaine d’emplacements, numérotés et matérialisés au sol à coups de peinture blanche, ont ainsi été créés. Seuls peuvent en bénéficier les habitants des 18e et 19e ainsi que les habitants de Seine-Saint-Denis.

    La gestion de ce projet a été confiée à l’association Aurore, spécialisée dans la réinsertion. L’association s’est très vite retrouvée confrontée à une explosion des demandes, certains assimilant même le "carré des biffins" à un vide-grenier. Et aujourd’hui, près de 270 biffins sont inscrits et se relaient en fonction des places disponibles.

     

    On est lundi, et Aziz espère avoir à nouveau une place sur le Carré samedi ou dimanche prochain … pour lui c'est quasiment une affaire de survie.

     

     

    >> L'association Aurore sur Facebook.

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Alain S.
    Mardi 28 Décembre 2010 à 10:35
    Misère
    Voilà un bon exemple de l'état de désespérance que vivent certains: le retour des chiffoniers, qui l'aurait cru il ya encore 20 ans de cela !
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