• Je reviens d'un week end d'intégration dans la vallée de la Bekaa, organisé par la fac. Au programme, visite de producteurs de pinard libanais, ruines d'Anjaar, et Baalbek of course. C'est un endroit magnifique, mais complètement schizo : d'incroyables vestiges de temples romains, avec des drapeaux du Hezbollah partout, avec des chansons appelant gaiement au jihad pour fond sonore. J'ai quand même acheté un T-Shirt de cette sympathique milice pour la forme, car à les entendre c'est eux qui ont construit les temples, je leur devais bien ça.

    L'organisatrice nous a dès le début annoncé fièrement qu'il y avait 14 nationalités dans le bus. Bien que c'eut été a priori une raison suffisante pour se barrer fissa, c'était un week end assez exceptionnel. Surtout la « soirée libanaise » du samedi soir, où nous nous sommes joyeusement arrosés à l'arrak dans un village local tout en dansant sur de la techno libanaise, sous le regard affligé des iraniens du bus qui semblaient impatients d'avoir la bombe pour mettre fin à tant de décadence.

    Il m'est d'ailleurs arrivé une histoire assez cocasse ce soir là, qui vaut un petit rappel du contexte : ici, on pratique encore le crime d'honneur, surtout chez les druzes et les chiites. C'est-à-dire que même en cas de minijupe, regards aguicheurs et  viol buccal de la part des jeunes filles, les familles ont souvent d'autres ambitions pour leur progéniture. Et bien entendu, le mâle victime de tant d'avances est considéré comme responsable de la situation. Ici, « responsable » associé à « honneur » et « famille », c'est pas un très bon mot, ça veut dire bastos dans la tête quand t'as de la chance et quelques jours de tortures entraînant la mort quand t'en as moins.

    Un ami Saint-Cyrien m'a d'ailleurs conté une belle histoire sur le sujet, qu'il tient de l'attaché militaire de l'ambassade, dont un pote s'est fait descendre à l'aéroport y'a 4 ans pour une histoire dans le genre. Un mec chanceux donc.

    Voilà pour le contexte, et voilà pour les faits.

    J'ai comme qui dirait un tantinet fricoté pendant la soirée avec une nana rencontrée sur place, une superbe créature dénommée Maya. Il va de soi que je pensais en mon âme et conscience qu'elle venait d'Amérique du Sud, vu son nom.  De plus, elle avait littéralement réussi à inventer un langage avec ses fesses.

    Sauf qu'une nana de l'université, une maronite à qui je dois beaucoup, a eu l'amabilité de me faire prévenir par un pote qu'elle était chiite, issue d'une grande famille libanaise. Richissime. Mais surtout renommée pour sa cruauté en cas de « crime d'honneur ». La bonne nouvelle.

    N'écoutant que mon courage,  j'ai pris mes jambes à mon cou. (Je remercie au passage l'instinct de survie d'avoir pris l'ascendant sur d'autres organes.) Ce qui n'est pas le cas d'un copain qui n'avait pas été prévenu, et qui doit maintenant passer le miroir sous son vélo chaque matin pour éviter les bombes. Heureusement qu'on est rentrés à Beyrouth et qu'on a mis une certaine distance avec ces succubes...

    A part ça, quelques nouvelles diverses : j'ai emménagé dans l'appart, après un petit interrogatoire du frère de ma propriétaire : « Benjamin, Benjamin.... C'est pas un peu juif ça comme prénom ? ». (Rappelons que la pire insulte ici, c'est « Renifleur de juifs  ».)

    Le ramadan commence aujourd'hui, ça va être la fête tous les soirs pendant un mois, ça picole pas beaucoup mais la bouffe est super bonne.

    Niveau boulot, je me suis blindé de cours au premier semestre, histoire de pouvoir faire un DEA de plagiste au second semestre et passer plein de temps avec tous ceux qui veulent venir faire un tour ici !

    Portez-vous bien, inch'Arrak !

    Ben


    1 commentaire
  • Marhaba tout le monde.

    Dans la catégorie joyeux bordel, j'ai oublié de parler des rues de Beyrouth, ça vaut le détour (au sens littéral): chaque rue est sensée avoir un nom, mais encore faut-il le connaître. Il y a le nom en arabe, le nom en français, puis les appellations locales. Ce qui fait qu'une rue peut avoir 3 ou 4 noms différents. Je vous raconte pas l'odyssée quand vous prenez un taxi en espérant qu'il vous mènera à bon port, surtout quand il parle ni anglais ni français, et qu'il vous regarde d'un air entendu en psalmodiant « good, good » (en arabe ça veut dire « Qu'ils sont cons ces touristes ») tout en vous emmenant à l'exact opposé de là où vous voulez aller. A pied c'est encore mieux : le nom des rues est absent dans 90% des cas, à part sous sa forme militaire : quand vous cherchez la rue Yesouiheh, c'est aussi la rue Huvelin, ou encore la rue U.S.J, mais sur le terrain ça donne « Secteur 21, rue 12 ». C'est une numérotation militaire, la seule présente pour chaque rue, et il est bien entendu impossible de se procurer une carte dans le genre, les militaires ayant le monopole du déplacement moderne. (Aurore, merci pour la boussole, sans elle je serais sans doute en train de courser des chèvres dans le désert syrien). L'omniprésence militaire a au moins l'avantage de rendre la ville très sûre, surtout la nuit, car y'a bien 2 Kalashnikov et 3 M-16 à chaque carrefour. Quand vous leur demandez votre chemin, vaut mieux avoir une bonne explication : la réponse à toute requête est « Pourquoi est ce que vous voulez aller là ? ». Heureusement, le passeport français vous épargne la fouille rectale.

    A part ces réjouissances cartographiques, j'ai trouvé un appart terrible, à 5 minutes du centre ville, c'est un douillet 200m² avec terrasse, avec de la vraie eau courante et pas un seul cafard au delà du 2e étage. De plus, c'est dans un quartier musulman. Ca ajoute à la couleur locale.A entendre les imams, ils doivent se cogner méchamment le petit doigt de pied  sur le chemin du minaret, parce qu'ils beuglent comme des gorets que l'on châtre. Dans la course au prosélytisme, certaines églises ont décidé de faire aussi la messe au haut-parleur, et tout le monde commémore son martyr (y'en a des tas) à grand renfort de klaxon (qui est à Beyrouth ce que Mickey est à Disneyland).

    Pour ceux qui s'inquiètent, comme ma chère génitrice, y'a pas à s'en faire : les Libanais se sont tellement mis sur la gueule pendant la guerre civile que même les plus teigneux, du Hezbollah aux milices chrétiennes (Forces Libanaises et autres), ont pas du tout envie de remettre ça, donc la tension est plus entre le pouvoir archi corrompu et le peuple qu'au sein de la population elle même.

    Pour ce qui est des sorties, la rue Monot n'a rien à envier aux capitales européennes : moult boîtes et bars feront le ravissement de l'éternel étudiant. Je pense notamment à une petite soirée au Mute, y'a 2 jours, thème « Free Tequila ». Ca vaut toutes les guerres civiles =) Les cours commencent le 19 septembre, y'a un week end d'intégration prévu pour la fin du mois dans la vallée de la Bekaa, bref, que de bonnes choses en perspective.

    Pour ceux qui veulent passer me voir, c'est quand vous voulez, ce sera loukoum et kefta à volonté.

    Qu'Allah le Grand vous garde dans Sa Miséricorde et que Sa Colère châtie les mécréants du Grand Satan!

    (aarg ceci était un ajout automatique du clavier)

    Bécots à tous

    Oussama Ben Liquid

     


    votre commentaire
  • A la demande de certains, je me résous à faire un blog sur ma vie beyrouthine. Je repost mes mails précédents, en attendant les autres. Quant aux photos, vos dons généreux seront reçus avec bienveillance pour acheter un appareil numérique ;)

    Salut à tous, voilà quelques nouvelles de Beyrouth. Pour commencer, et comme certains le subodorent déjà, cette ville est un joyeux bordel. A commencer par la circulation : faut croire que la guerre civile continue, mais sur les routes, et le Piéton est l'ennemi public n°1. Le système de priorité est simple : le premier qui passe à un croisement est celui qui a le plus gros klaxon ( ou le moins de neurones). Quant à la signalisation, elle n'est présente que depuis deux ans, et sa fonction est purement décorative. Je comptais investir dans un scoot, mais je me contente d'un vélo et de la relative sécurité des trottoirs, survie oblige... J'adore cette ville.

    Je compte tout de même passer le permis de conduire ici, il est valable en France, bien qu'un touuuuuut petit peu moins chiant: il suffit de faire une marche avant et une marche arrière, et hop c'est offert. Durée totale de la formation : 10 minutes. Vous aurez compris qu'ils se font pas trop chier avec la paperasserie et les cours de code. J'adore cette ville !

    Beyrouth est très contrastée, et les immeubles de luxe côtoient les ruinasses redécorées sauce Kalashnikov et mortier, tout comme la chagasse côtoie la voilée. J'ai la chance d'être dans le « Foyer des Jeunes » du quartier d'Ashrafieh, à l'est, et bien que la mixité ne soit pas vraiment le sport national, mon immeuble provisoire, réservé aux mâles, jouxte celui réservé aux femelles. Donc malgré les protestations de mon horloge interne, je suis debout tous les jours à 8h pour aller prendre le petit déj avec le sexe faible, à 10 mètres.... J'adore cette ville !!

    Côté formalités, j'ai été obligé pour m'inscrire à la fac d'avoir une « déclaration de mise sous protection » de l'ambassade : la situation politique du Liban est instable, je vous fais pas de topo détaillé sous peine de vous écrire 10 pages, mais en gros le président actuel aurait trempé, comme 4 de ses plus importants généraux (déjà sous les verrous), dans l'assassinat d'Hariri, et ce brave homme aurait tenté de s'extrader en douce en France ou en Allemagne (qui l'auraient cordialement jeté). Autant dire que les Libanais sont pas contents. Mais alors pas contents DU TOUT. Et une présidentielle anticipée où s'affronteront les Geagea, Aoun, Joumblatt, Hariri fils et mes amis barbus du Hezbollah risque d'avoir lieu bien plus tôt que prévu. En bref, le Ministère des Affaires Etrangères déconseille dorénavant tout voyage non indispensable dans le Pays du Cèdre. Mais l'administration de l'université est aux petits soins avec  les étudiants français, quasi dieux vivants, rock stars et néo-Jesus : nous sommes 8 frenchies dans ce qu'ils appellent « Sciences-Po Beyrouth », et la fac ressemble plus à un défilé de Fashion TV qu'à une université... Bref, j'adooore cette ville !!!

    Faut que je chope des codes d'accès pour le Wifi de la fac, je pourrai alors vous appeler presque gratos grâce à Skype. Je ne rentre pas trop dans les détails, mais c'est que du bonheur, et je pense à vous, même si j'écris pas beaucoup !

    Plein de bisous à tous, ma'a'ssalam et Allahou'Akhbar !

    Ben


    9 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires