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    Commentaire de la séquence (durée : 5mn) : Nous sommes dans un montage dialectique, c'est-à-dire quand deux éléments s'affrontent ou se répondent. Le film s'élabore en langage à partir de fragments de réalités. La lumière, l'angle, le rythme, le montage, c'est-à-dire l'art tient du discours symbolique. On a des fragments de réalité qui se succèdent pour former un tout, une idée. Ensuite vient le thème de l'homme providentiel (la séquence va au-delà du simple champ contre champ entre Lénine et le peuple). La construction du thème passe par une fragmentation du corps de Lénine. Avant d'apparaître à visage découvert, on peut lire l'attente, l'espoir, dans le regard de la foule. Tous ces éléments concourent à la mythification de Lénine. On oblige le spectateur à suivre la voie qu'a suivi l'auteur lorsqu'il construisait l'image. Ici, Eisenstein a choisi d'employer des acteurs non professionnels. Pour lui, l'acteur ne doit pas mimer ou représenter le sentiment. Le sentiment et la souffrance émanent de la force du montage. L'acteur ne fait qu'exécuter des actions, l'imagination du spectateur se charge de faire le reste. L'idéologie du cinéaste peut se lire en filigrane dans sa façon de concevoir sa propre mise en scène. On est passé d'une construction émotionnelle, tonale et harmonieuse (le montage par harmoniques) à une construction purement rythmique. Mais très vite on va revenir à une construction intellectuelle dans laquelle le cinéma se rend capable de fabriquer directement des concepts. Le projet du cinéaste ici, c'est de combiner le pouvoir conceptuel et le pouvoir émotionnel des images en mouvement et de leur montage.





     


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