• Extrait de "Cinéastes de notre temps", par André S. Labarthe (2mn), dans lequel le réalisateur John Cassavetes (1929-1989) explique sa manière de filmer. Ce n'est pas l'histoire, l'intrigue ou l'action qui font le film, mais la mise en scène des attitudes. « Il ne met pas le temps dans l'histoire, il met le temps dans le corps » disait Deleuze. Cassavetes, en filmant des comportements met de la pensée dans la vie de ses personnages. On peut donc filmer de la pensée sans avoir recours à la parole. « Le personnage est réduit à ses propres attitudes corporelles. » C'est la dramatisation par les corps, le spectacle et la théâtralisation par les corps. Chez Cassavetes, les corps sont parfois des visages : « les corps grimacent, les corps attendent, ils fatiguent, ils dépriment ». La seule contrainte de ce cinéma est celle des corps, et la seule logique celle des enchaînements d'attitudes. Comolli parle de cinéma de révélation : on révèle la pensée par le corps. « Les personnages se constituent geste à geste et mot à mot. Ils se fabriquent eux-mêmes. » Avec Cassavetes, on est dans le cinéma moderne : on s'éloigne de l'histoire, on invente de nouvelles émotions par le développement et la transformation des attitudes corporelles. « Quand on est un cinéaste comme Cassavetes, il faut faire habiter l'espace par des corps et rechercher le courant qui peut passer d'un corps à l'autre. » Selon Deleuze, c'est l'enchaînement des attitudes qui remplace l'association des images.


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