• C'est avec plaisir que j'ai revu l'excellent film d'Henri Decoin  "Razzia sur la chnouf" sur Arte hier soir, mais je m'étonne que la censure bobo laisse encore passer de tels films à une heure de grande écoute...mais il est vrai que c'est sur Arte...

    et puis peut être le but est il de nous faire prendre conscience de l' irréversible évolution depuis la sauvagerie blanche macho des années 50 jusqu' à la post-modernité multiculturelle, multireligieuse,  multicolore, multisexes, multi-(positions) sexuelles, multi-partenaires, multi-ethnique, multi tout quoi, y compris multicons,  qui constitue notre présent (pour au moins mille ans, comme le 3 ème Reich ?)...

    car le film de Decoin, sorti en 1955, multiplie (c'est là sa conception du multi, sans doute) les transgressions du code bobo-neuneu du politiquement correct...

    d'ailleurs Jean Gabin est en quelque sorte à lui tout seul l'incarnation de ces transgressions...

    Ah Gabin ! Gabin !  pourquoi a t'il sur nous cett effet indescriptible ?

    parce que c'est en quelque sorte un dinosaure : le dernier des hommes blancs , sûr de lui même et dominateur !

    tentez d'imaginer Gabin dans un rôle d'homosexuel ? vous y arrivez ? non n'est ce pas ?

    ou bien dans un rôle d'abruti islamophile et chantre de l'émancipation féministe ou homo-bi-gay-trans  ? tout aussi impossible n'est ce pas ?

    oui ! Gabin est un dinosaure, et 1955  c' est la préhistoire !

     il parait que si le Christ revenait on l'enfermerait dans un hopital psychiatrique, mais si Gabin revenait, il finirait dans un camp de rééducation, sans doute..

    Gabin ne fait pas de culturisme comme les rappeurs actuels, mais il a une sorte d'autorité naturelle , impossible à abattre...

    Voyez, dans "Razzia sur la chnouf", la scène où il mange un morceau, servi par la jeune caissière Lisette (Magali Noël) qu'il a séduite : la façon dont il claque dans les doigts pour se faire servir un verre de vin par la jeune femme, qui a 30 ans de moins que lui, admirative, aux ordres, et entièrement soumise à ses volontés , à table comme au lit...

    la façon dont il brutalise son "revendeur" blondinet qui se révèle alors homosexuel, et que le scénario ridiculise...

    et vous avez remarqué qu'il appelle toutes les jeunes femmes qu'il rencontre : "mon petit" ?

    et la scène avec Lea, la femme toxicomane et alcoolique ? un morceau d'anthologie ! il y a à peu près tout ce qui fâche dans cette scène !

    premièrement l'amalgame visant la femme alcoolique (l'alcool c'est pour les hommes, les mâles, comme le dit aussi Sinatra dans "Some came running" de Minelli ) : elle ne "tient pas l'alcool", et sort de son rôle de femme qui doit attendre l'initiative de l'homme, et fait des propositions à Gabin, qui évidemment refuse... alors dépitée, elle va se donner aux "noirs" d'un cabaret réservé aux africains...le chapitre sur la femme blanche toxico déchue qui couche avec des noirs...

    Autre sujet qui fâche , comme par hasard, Paul Lisky, le grand patron du réseau de drogue , joué par le sublime Dalio, est juif ...

    Oui, un tel film, aujourd'hui, serait inconcevable...

    ou alors avec quelques accomodements, et là je pense au film  "The inside man", du réalisateur noir américain Spike Lee, dont Finkielkraut a dénoncé avec quelques raisons le message antisémite subliminal (le directeur de la banque est un juif, en tout cas c'est suggéré, qui a débuté sa fortune en dénonçant d'autres juifs aux nazis et en s'emparant de leurs bijoux). Le méchant , dans un scénario actuel, peut être juif, mais pour que cela passe, il faut que réalisateur comme le  héros principal du film appartiennent à une "minorité visible"...

    Eh bien moi, j'avoue que mon "démon intérieur" me porte à prendre plaisir à revoir le film de Decoin, à me voir ainsi reporté quelques instants dans la préhistoire...un peu comme d'autres regardent les dinosaures en images de synthèse sur des damnées téléfilms "docufictions" de la BBC..

    profitons en pendant que c'est encore possible : dans 10 ou 15 ans, même ce genre de petit plaisir innocent sera interdit par les chefs de "Brave new world" !

    en tout cas, figurez vous que j'ai fait un rêve étrange cette nuit (que je ne raconte ici que sous le sceau de l'anonymat, car il y a de quoi m'envoyer en prison, d'ailleurs bientôt nos docteurs folamours inventeront des détecteurs de rêves incorrects branchés directement sur le commissariat le plus proche) : je revoyais une scène ressemblant un peu à celle du film où Gabin "emballe" Magali Noël, mais le rôle de la jeune effarouchée était tenu par Carla Bruni et Gabin lui donnait du "mon petit" en lui tapotant les fesses avant de la déshabiller....

    c'est grave docteur ?


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  • "Mon Dieu ...mon Dieu... mon Dieu !"

    ainsi répétais je hier soir en boucle cette seule adresse, ce cri jailli du tréfonds de mon être, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage... je ne l'interrompais que pour murmurer ce bref constat :

    "je suis vivant...aujourd'hui je suis vivant, et je suis à Paris...ben merde alors !"...

    et tout me paraissait tellement irréel, fantomatique !

    oui, à la sortie de ce film, qui à mon sentiment surpasse encore en puissance "There will be blood", j'étais hébété, éperdu, anéanti... par tant de beauté sublime et écrasante, tant de génie, tant de noirceur aussi..

    car au fond, quel film ou oeuvre d'art touchant réellement aux ressorts les plus profonds et les plus cachés de la condition humaine ne serait d'une noirceur , d'un désespoir absolu ?

    J'en ai parlé ici même, de beaux et de grands, de magnifiques  films, qui sont sortis ces dernières années, tous américains, pas un seul qui soit français : "There will be blood", "Before the Devil knows you're dead" (= 7h58 ce samedi là), "No country for old men", "Burn after reading", "The Box", "The road"..

    "Agora" est européen, ou du moins réalisé par un des plus talentueux cinéastes européens cherchant l'ampleur des films hollywoodiens : certes quand on dîne avec le diable, il faut se munir d'une longue cuiller, mais Alejandro Amenabar, que je ne connaissais pas jusqu'ici, semble s'être acquitté de cet exercice périlleux sans sombrer, bien au contraire même...

    http://www.critikat.com/Agora.html

    le résultat est un diamant sombre, dont les facettes semblent briller et resplendir de façon inversée et "internelle", à l'intérieur de l'âme même du spectateur...et je veux garder en moi la brûlure presqu'insupportable de ce feu adamantin..aussi n'en parlerai je sans doute pas longuement aujourd'hui, me préoccupant plutôt de "décrire" l'effet qu'il a provoqué sur moi... car il me faut parler, ne fût ce que pour me "libérer", en l'extériorisant, de cette tension "divine" et sacrée, mortelle donc, qu'il a déclenchée en moi..

    à la différence des autres, celui ci élève l'âme et l'esprit, si l'on sait le voir et le "lire" comme il convient; on peut dire la même chose de "The road", "The Box", seulement ce sont des oeuvres de (science) fiction, au scénario baignant dans le fantastique, alors que celui ci porte sur l'histoire réelle du 4 ème siècle marquant la transition entre l'empire Romain d'Occident finissant et l'Empire chrétien d'Orient débutant...pour 1000 ans, jusqu' à sa destruction par les agresseurs musulmans turcs.

    j'ai beaucoup d'admiration pour le cinéma des frères Coen, mais leurs films, que j'ai commentés ici, sont strictement négatifs et "dissolvants", comme un réactif chimique : s'ils provoquent un éveil spirituel, c'est un peu comme une vision des enfers invite à refermer la trappe immédiatement et à s'éloigner, le plus vite qu'on peut...et l'on peut dire la même chose de "There will be blood", mis à part sa grandeur tragique..

    "Agora" possède la même grandeur, mais il élève l'âme de manière bien plus directe et "positive"..

    encore une fois : si l'on sait le lire avec les bonne lunettes, car l'on peut évidemment se contenter d'y voir ce qui en est la trame de base : critique du fanatisme religieux selon l'exemple prototypique de l'essor chrétien au 4 ème siècle finissant, et des premières persécutions anti-païennes et anti-juives....

    certains, beaucoup même sans doute, se diront : encore un film jetant à la face du christianisme ses tares et ses crimes passés  (et passés depuis pas très longtemps, pour certains)...mais pas un mot sur les crimes actuels de l'Islam, ou sur les persécutions anti-chrétiennes contemporaines en terre d'Islam, mais aussi en Inde, en Chine...

    bien sûr, ceci est vrai...mais au fond, si l'on arrive à reconnaître la dimension exacte de cette oeuvre, qui est (à mon avis tout au moins) rien moins que "politique" (je veux dire : touchant à la basse politique, celle d'aujourd'hui, celle qui se fait à la corbeille ou dans les boîtes chic des bobos branchés), alors on se perusadera vite que ces critiques sont dérisoires...

    La supériorité du vrai christianisme, c'est justement de reconnaître ses fautes, ses crimes : non pas en vue d'une repentance obsessionnelle  et sans portée réelle, mais pour un changement radical d'orientation se traduisant en actions réelles, c'est à dire spirituelles...réellement spirituelles !

    Et nul doute qu'il ne s'agisse là d'un film profondément chrétien, c'est à dire philosophique, comme d'ailleurs The Box ou The Road...

    oui, je suis sorti de la salle stupéfait, abasourdi, dans un état proche de la démence....car le scénario de ce film reprend exactement le "thème" qui est l'essence de ce blog même depuis 2005, ainsi que de tous les blogs "Mathesis universalis" que j'ai créés, dont celui ci est le principal :

    ce thème , c'est celui du "christianisme de philosophes" tel que défini par Spinoza, Malebranche, Fichte  et Brunschvicg : la science moderne et sa cosmologie, créée par Copernic et Kepler, correspond à la possibilité de l'émergence du christianisme véritable, c'est à dire de la philosophie véritable; la science ne vise pas prioritairement la puissance technique et économique ou militaire (bien que clles ci en soient les retombées) mais le progrès dans la religion et la piété, qui passe par l'abandon absolu et diéfinitif du moi charnel et psychologique pour le Moi spirituel tel que défini et expliqué par Brunschvicg par exemple dans le passage suivant tiré de "Raison et religion" et souvent cité ici :

    "Le sentiment de notre éternité intime n'empêche pas l'individu de mourir, pas plus que l'intelligence du soleil astronomique n'empêche le savant de voir les apparences du soleil sensible. Mais, de même que le système du monde est devenu vrai le jour où la pensée a réussi à se détacher de son centre biologique pour s'installer dans le soleil, de même il est arrivé que de la vie qui fuit avec le temps la pensée a fait surgir un ordre du temps qui ne se perd pas dans l'instant du présent, qui permet d'intégrer à notre conscience toutes celles des valeurs positives qui se dégagent de l'expérience du passé, celles là même aussi que notre action réfléchie contribue à déterminer et à créer pour l'avenir. Rien ici qui ne soit d'expérience et de certitude humaines. Par la dignité de notre pensée nous comprenons l'univers qui nous écrase, nous dominons le temps qui nous emporte"

    Seulement, ce thème, que j'avais sincèrement pris pour cible, j'ai complètement échoué à lui être fidèle...ainsi qu'on s'en rendra compte  tout de suite en observant les nombreux articles inutiles et polémiques, donc accessoires.

    Or, être fidèle à l'Esprit, à l'exigence spirituelle qui est par nature Infinie, c'est abandonner tout ce qui est superflu : donc, notamment, tout ce qui est d'ordre "politique" !

    Avez vous quelquefois été confronté à quelque chose qui ressemble à s'y méprendre à un être que vous aviez imaginé depuis des années, dans vos rêves les plus brûlants et les plus fous ?

    Eh bien c'est ce qui m'est arrivé hier soir, et cet être divin, celui que je peux appeler ma "Dame céleste", et qui est la philosophie tout aussi bien que la mathématique, il m'a sauté au visage sous les traits austères mais d'une profonde beauté spirituelle de l'actrice Rachel Weisz, qui incarne dans le film la célèbre philosophe-mathématicienne-géomètre-astronome Hypathie, qui fut assassinée par les fanatiques chrétiens...faussement chrétiens bien sûr, et s'il est une leçon que l'on doit retirer du film et qui soit "dicible", c'est que le christianisme véritable, c'est à dire la philosophie véritable, il se trouvait justement en Hypathie la païenne intransigeante, qui refuse de se convertir extérieurement , pour des raisons d'accomodement politique, au christianisme et de "marchander ainsi la foi à vil prix"...et le refuse au prix du martyr, et de la lapidation....

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypatie_d'Alexandrie

     Nul doute qu'il ne faille voir en elle une incarnation privilégiée de ce Médiateur, dont parle Brunschvicg, et qui n'est autre que le VERBE, le CHRIST comme Raison universelle des esprits tel qu'en parle Malebranche; je l'ai souvent évoqué ici, notamment à propos de Taslima Nasreen, voir cette page  :

     http://www.blogg.org/blog-30140-page-l_incarnation_du_verbe_selon_brunschvicg-1022.html

    doit on voir en le Jésus historique une incarnation spéciale, "divine", privilégiée, voire "totale", de ce VERBE ?

    c'est évidemment là que se situe le "sujet qui fâche" , la pierre d'achoppement et de scandale, entre christianisme des philosophes (celui de Brunschvicg par exemple) et philosophie chrétienne, que j'entends précisément unifier selon la nouvelle perspective de ce blog depuis quelques mois...mais comme je l'ai dit, je ne parlerai pas de cela aujourd'hui...

    ou seulement pour préciser que si le film semble inviter à préférer la première option (celle d'un Jésus purement humain, qui serait un sage, un Christ philosophe selon les termes de Frédéric Lenoir), nous ne devons pas oublier le christianisme sans failles d'un Malebranche qui arrive à concilier croyance catholique à la Révélation et "foi" en la Raison philosophique conçue comme lieu d'apparition du LOGOS-CHRIST et acheminement vers la religion véritable qui est tout aussi bien la philosophie véritable, dont la mathématique comme application de l'esprit à Dieu la plus pure est comme le vestibule d'un Temple...

    qu'il me soit aussi permis de rappeler ce que tout le monde aura sans doute compris, mais mieux vaut prendre ses précautions : quand je parle, en termes peu flatteurs, du paganisme, de l'idolâtrie païenne (qui caractérise selon moi l'Islam comme toute déviation fanatique du judaîsme ou du christianisme), il ne s'agit pas d'insulter les individus qui se pensent comme "païens" : il en existe de nos jours, et pas seulement dans les rangs de la "Nouvelle doirte" d'Alain de Benoist (qui est à mon sens antisémite et pro-islamiste, mais ceci n'engage que moi)..

    je demande sincèrement pardon à tous ceux : paîens, musulmans, juifs, athées ou chrétiens, ou autres, qui ont pu être blessés par la forme que j'ai adoptée pour dire ce que j'ai à dire, sans doute maladroitement, car mon but n'est pas de choquer mais de provoquer la réflexion, sinon l'adhésion...ceci dit je ne renie absolument rien sur le fond...

    et j'ajoute à l'intention de tous ceux et celles qui se sentent choqués : ne lisez plus mon blog !

    et dites vous bien que je ne suis qu'un homme, imparfait donc (bien plus imparfait que beaucoup), et qu'il est possible que je me trompe entièrement.

    Mais je préfère me tromper de mon fait qu'avoir raison en suivant la foule , par lâcheté et conformisme, simplement pour ne pas avoir d'ennuis !

     Quand je suis sorti hier soir de la séance, j'étais plongé dans l'abîme de la désolation, qui peut se résumer ainsi :

    "cette femme, cette femme sublime du film, Hypathie, d'une beauté austère et pudique que jamais je n'aurais pu rêver, elle me jette à la figure  la statue fracassée de mon idéal, celui qui me constituait comme être réel et auquel toute ma vie a été infidèle : car de par ma formation et mes talents, je pouvais devenir un véritable savant et non pas seulement un scientifique anonyme, un esclave de la machine du Gestell; une des figures soucieuses à la fois de science, de philosophie et de religion, qui font avancer la sagesse humaine au cours des siècles, et ne se contentent pas de collaborer à tle ou tel procédé industriel... mais j'ai tout gâché, et j'ai enterré mes talents"

     comment faire face à cela ?  alcool ? suicide ? j'ai tout envisagé !

    mais en chemin, alors que je refusais les solutions de facilité qui consistent à fuir les "épaves que nous apportent la vérité en ses premières vagues", une petite voix presqu'inaudible s'est élevée peu à peu en mon âme, une voix qui disait des choses simples, que j'ai déjà dises ici, mais qui prirent peu à peu une portée immense, exactement comme le minuscule grain de sénevé de l'Evangile:

    "sans doute as tu été lâche, pusillanime, acharné à la poursuite des plaisirs et des divertissements : tu es humain, donc toujours sujet à faillir !

    mais la miséricorde de Dieu est Infinie, il n'est donc rien  de mondain, c'est à dire fini, qu'il ne puisse pardonner, à la condition que tu aies réellement et sincèrement l'intention de changer radicalement ton orientation vitale et spirituelle..

    Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, de connaître pour chercher la connaissance...

    Jamais il n'y aura d'épiphanie de la Vérité, car la Vérité n'est pas quelque chose de fixé une fois pour toutes : la vérité n'est rien d'autre que la recherche sincère, en mobilisant toutes les ressources de ton être, sans en épargner une seule, de la vérité..

    à celui qui frappe on ouvrira; celui qui cherche, trouvera

    tu ne m'aurais pas cherché si tu ne m'avais déjà trouvé...mais que celui qui cherche ne cesse de chercher et alors il sera bouleversé, et étant bouleversé, il sera émerveillé, de par les miracles de la Chose-Une"

    et cette voix, cette Parole divine, ce Verbe, il devint peu à peu la totalité de mon être, chassant la désolation et le désespoir...

    de puissantes forces me soulevaient au dessus des flots, me faisaient surmonter l'abîme, la Mer rouge.

    Dieu accomplissait en moi, pour moi, sans aucune intervention de ma part, un miracle secret !

    j'avais perdu à peu près toute notion de l'extérieur, mais mon corps accomplissait automatiquement les "manoeuvres" pour me ramener chez moi...

    j'aurais pu dire, comme Jacob et l'être mystérieux en Genèse 28 :

    "Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays ; car je ne t’abandonnerai point, que je n’aie exécuté ce que je te dis.

    Jacob s’éveilla de son sommeil et il dit : Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas !

    Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable ! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux !"

    arrivé enfin chez moi, je me réfugiai dans ma chambre et éclatai en sanglots, me mettant à genoux et joignant les mains...

    plus jamais je ne serai esclave en Egypte, désormais...comment je le sais ? je le sais, un point c'est tout...c'est cela, un évènement ...

     


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  • Je parle trop de sujets peu sérieux, notamment de films (à part quelques chefs d'oeuvre importants comme The Box, La route, etc...), mais tant pis, je veux juste parler de celui ci pour illustrer certaines "tendances fondamentales" de l'époque.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à voir et revoir les films du canadien Denys Arcand : Le déclin de l'empire américain, Les invasions barbares, et le dernier : L'âge des ténèbres.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/L'%C3%82ge_des_t%C3%A9n%C3%A8bres

    le déclin de l'empire américain date de 1986 je crois, autant dire de la préhistoire : c'était l'époque où l'affrontement Est-Ouest faisait rage de ses dernières flammes (factices), avant de faire place à la brève illusion (qui aura duré de décembre 1989 à Août 1990) du nouveau monde enfin pacifié, puis au choc des "civilisations", à l'affrontement Nord-Sud, etc...rappelons nous quand même que 1986 c'est juste trois ans avant que les premières affaires de voile islamique éclatent dans les écoles françaises, et que l'on assiste (avec terreur, en ce qui me concerne) à une manifestation en plein Paris, au printemps 1989, de musulmans enragés hurlant "Fuis fuis Rushdie" et appelant au meurtre du blasphémateur...tout cela sans aucune réaction des pouvoirs publics ou de la police, ni des associations "antiracistes" !

    "L'âge des ténèbres" est un film que j'ai vu et revu avec bonheur, il est très bien réalisé, pas de problème, et j'avoue apprécier ce genre d'humour grinçant et , disons le, assez "épais" quand même. On passe un bon moment, et c'est toujours ça de pris, dans la France de Sarkozy...

    A première vue, c'est aussi un film sympathique, et assez désespéré : ce brave Jean-Marc Leblanc (patronyme qui n'a pas été choisi au hasard) qui se réfugie dans l'imaginaire (assez peu subtil, et de nature préférentiellement sexuelle) pour "fuir" sa vie banale et sans panache, il possède (de manière exagérée pour les besoins du scénario bien sûr) des traits en lesquels nous pouvons nous reconnaître. Il est bien gentil, en victime de l'évolution de la société, pas raciste pour un sou...et s'il devient un peu violent à la fin, c'est pour notre plus grand plaisir (notamment quand il défonce la voiture de l'automobiliste irascible qui l'insulte, ou bien quand il quitte sa femme sur un "je me dis quelquefois que je pourrais te tuer" asséné sur un ton si calme et d'autant plus convaincant).

    a première vue ai je dit....car si l'on y réfléchit bien c'est un film qui assume "implicitement", sans le dire franchement, une position tout à fait déplaisante, et assez ignoble il faut bien le dire, vis à vis de la réalité du monde occidental contemporain, celui du Québec notamment (que connaît bien Arcand je présume), où les "accomodements raisonnables" , le politiquement correct de façade, et le multiculturalisme sont poussés à l'extrême.

    J'avais ici même, le 27 juillet 2009, donné des extraits du "pétage de plomb" manifeste d'un bibliothécaire canadien masculin:

    http://www.blogg.org/blog-30140-billet-ou_vas_tu_quebec____infinite_justice_-1058987.html

    depuis, son blog et les sites (officiels) sur lesquels il déversait ses torrents d'injures délirantes, ont été soit fermé (pour le blog) soit "apurés" par les "autorités compétentes".

    Mais il reste qu'il s'agit là d'un symptôme à ne pas sous-estimer : ce pauvre homme avait manifestement dû subir certaines avanies qui rappellent celles (imaginaires) que rencontre Jean-Marc Leblanc dans "L'âge des ténèbres"...

    On dira : il vaut mieux réagir comme Jean-Marc Leblanc, c'est à dire en gros en fuyant dans des masturbations (et pas des masturbations intellectuelles) agrémentées d'histoires à l'eau de rose, que comme ce bibliothécaire québécois qui, je l'espère, va mieux aujourd'hui, en mettant en ligne des torrents d'injures délirantes contre "la police" , "les femmes" ou autres...

    Et je suis bien d'accord !

    Seulement : est ce la seule voie de salut pour l'homme blanc aujourd'hui (je dis bien l'homme blanc, pas la femme) ? la branlette ou le délire paranoïaque ? pour écarter bien sûr l'hypothèse de passages à l'acte encore plus violents, nous sommes gens de bonne compagnie !

    Si c'était le cas ce serait effectivement pour le coup bien désespérant !

    or c'est un peu la "thèse" (implicite, encore une fois) qui se "dégage" du film !

    Et je dirais même que Denys Arcand va encore plus loin : il suggère (et de manière assez tonitruente) que la seule échappatoire à ce choix disons...cornélien, mais un peu restreint quand même, c'est le sexe libertin (comme disent ces gens là, qui ont horreur des gros mots du genre "grosse partie de baise"), trouvé au hasard des sites de rencontre, petites annonces et autres "speed dating".... soit t'es moderne soit t'es relou coco !

    et bien sûr, toutes les alternatives : spiritualités, lectures, religions, études, sont des retours obscurantistes au Moyen Age et aux croisades, comme le montre le film quand il suit notre pauvre Leblanc aux bras d'une folle , adepte de Tolkien et des tournois de chevalerie, qu'il a rencontrée au "speed dating" où il accompagnait son ami et collègue black (qui lui, le veinard, s'est dégotté une blonde canon et nymphomane)... il faut les comprendre , les deux hommes : ils ont comme collègues féminines une supérieure hystérique qui fait tout ce qu'elle peut pour les sacquer, et une fille charmante mais...lesbienne, qui leur raconte tous les matins ses chaudes nuits avec sa...femme. La femme est l'avenir de l'homme, mais...pas dans le même lit svp .

    Avec sa dulcinée complètement ravagée notre ami Leblanc se rend donc à une fête moyennâgeuse, où il se battra en duel avec le Prince noir pour les beaux yeux de sa "dame" (et c'est tout ce qu'il aura comme récompense, plus un pelotage de seins, mais plus bas pas question , il faut attendre le "grand amour"), une fête où un flic complètement dingo portant un string (="homosexualité refoulée", ben voyons!) et  par dessus une cotte de maille, galvanisera la chrétienté contre les envahisseurs musulmans...

    qu'est ce qu'il dirait s'il lisait ce blog et les groupes associés !

    Morale (clairement affichée) : en dehors du sexe "libéré et no future", tout est Moyen Age , fanatisme, retour de la Bête immonde, du grand méchant blanc facho et intolérant !

    Elle est d'ailleurs énoncée précisément par l'ami noir de Leblanc (ou du blanc Leblanc, si vous voulez) qui essaye de convertir la dulcinée foldingue et moyennâgeuse au sexe libertin en l'entrainant vers une fenêtre d' où l'on voit un cimetière et en lui demandant :

    "à ton avis, si les âmes de ces corps glacés dans ces tombes  pouvaient revenir à la vie juste pour cette nuit , que désireraient elles : relire Emmanuel Kant ou bien faire l'amour toute la nuit ?"

    bien tenté mais échec sur toute la ligne : la dulcinée du branleur blanc préfère "mieux se connaître avant de faire ça"...

    et quant à nous, s'il nous posait la même question, nous répondrions sans hésiter : "Relire Immanuel Kant"

    comme quoi il n'était pas besoin d'écrire tout cet article pour marquer ma différence avec Denys Arcand !

    bon on me dira que j'exagère un peu : Denys Arcand propose quand même, à sa façon, une alternative, puisqu'à la fin, Jean-Marc Leblanc renonce à ses maîtresses imaginaires, leur disant solennellement adieu , il quitte sa femme (trop) réelle bien sûr, et s'en va vivre loin de tout dans une espèce de "chalet" face à la mer : il s'y consacrera aux loisirs sains, comme jardiner, faire des confitures, etc....

    bref une version moderne de la maxime "cultivons notre jardin"...

    Eh bien moi, figurez vous, j'ai d'autres ambitions pour l'humanité !

    La bonne nouvelle, l'Evangile  que je désire transmettre ici à notre ami le pauvre blanc Leblanc, c'est qu'il existe une autre option que la branlette ou le passage à l'acte violent, ou le jardinage...

    au fond Denys Arcand est un adepte du thatcherisme !

    car n'est ce pas Margaret thatcher qui nous a présenté la charmante Tina : T. I .N. A = "There Is No Alternative" ?

    toutes les maîtresses (imaginaires) de Leblanc devraient s'appeler Tina...quant à moi, si une femme me dit qu'elle s'appelle ainsi, je change de trottoir...et même de rue..et même de ville..et même de pays !

     dommage car c'est un beau prénom ...

    la bonne nouvelle de l'existence d'une alternative, d'une "Dame" dans les cieux, une Béatrice  si vous voulez, (dont Borgès nous a caritablement prévenus qu'elle n'existe pas) , c'est, je l'ai déjà dit hier :

    l'épée du dit inter (interdit) , l'épée flamboyante du Cherubin qui garde le jardin d'Eden , qui interdit la jouissance.

    Car, si vous voulez bien considérer que :

    -toute jouissance est entachée de passivité (Husserl)

    -Dieu est l'Acte pur, sans aucun élément de passivité

    -notre tâche ici bas, le sens de notre vie si vous voulez, est de devenir semblables à Dieu autant que nous le pouvons

    alors il nous faut, autant que nous le pouvons, nous abstenir de toute jouissance !

    alors il me semble que nous sommes rendus (sans nous rendre) ! CQFD !

    ce 'est pas un commandement divin, c'est de la logique...de la logique de la philosophie !

    ce qui m'amène a ajouter cette autre bonne nouvelle : si, comme l'assure Eric Weil dans "Logique de la philosophie" justement  : "Le Moi ne peut pas jouir " (et c'est pour ça que les hommes ont inventé un Moi dans les cieux qui jouit tout le temps, Dieu en somme), alors ne sommes nous pas entraînés à soupçonner que la jouissance n'existe pas ?

     Lacan a bien dit, lui, qu'il n'y a pas de rapport sexuel !

    Le Moi ne peut pas jouir, cela dit bien ce que cela veut dire, et c'est aisément vérifiable "au laboratoire" (au lit, ou au bistro, comme vous voulez)...carrappelez vous : vous faites l'amour avec l'amour de votre vie, c'est grand, c'est grandiose, c'est énorme, c'est divin, ça monte, cette fois c'est la fin, l'achèvement parfait, vous allez...vous allez...et puis...plus rien ???!!!

    tout ça pour ça ?

    et avec l'alcool, ou la drogue : pareil !

    C'est toujours le prochain verre qui vous rendra semblable à Dieu, qui vous unira à la Vérité comme épiphanie apocalyptique, qui vous ouvrira ce Livre auquel doit aboutir le Monde... jamais ce verre ci...

    et croyez moi : vous sombrerez dans l'inconscience, ou la mort, bien avant de le boire, ce "dernier verre" qui vous égalerait au Créateur du Ciel et de la Terre, et accessoirement vous identifierait à vous même dans le statut d'une substance éternelle et immobile... mais la bonne nouvelle, l'Evangile consiste aussi à dire que Sartre a tort d'en conclure que :

    "mais Dieu n'existe pas : l'homme est une passion inutile"

    car toute passion humaine est image, symbole (souvent défigurée) de la Passion du Sauveur-Médiateur-Logos; qui , non pas a eu lieu dans l'Histoire, mais A Lieu perpétuellement (en nous même) pour que l'homme soit Acte pur

    les Alcooliques anonymes ont une bonne formulation pour ceci :

    "un verre c'est trop, mille pas assez !"

    ou encore : rappelez vous les articles sur les nombres, et l'Infini, "L'Infini se laissait pousser comme une porte (ça c'est généralement quand on est vire, comme Nemrod quoi). Il y a deux manières de lire les nombres entiers, ceux qui d'après Kronecker viennent de Dieu alors que tout le reste vient de l'homme : comme mauvais infini, la suite infinie de 1,2,3,4 etc...

    et comme "tous contenus" dans le 1, le UN, qui est Dieu ; ceci de par l'opération de l'inversion qui associe à un nombre son inverse:

           n →  1/n      

    Alors pourquoi ajouter un verre à un autre verre, ce qui vous rapprochera, non pas de l'infini, mais du zéro, du Néant, de la Nuit de l'inconscience, de l'égalité simple ?                     

    pensez y !

    et vous apprendrez aussi de moi, si vous ne le savez  déjà, que votre femme jouit toujours avec un autre..un inconnu qui n'existe pas...un inconnu dans les cieux, ou du fond de la nuit...jamais avec vous, si du moins vous êtes le même que vous, et pas le Je qui est un Autre !

    bref, pour en revenir au sujet :

     "L'âge des ténèbres" : un film sympathique et plutôt désespéré ; à voir absolument, on passe un bon moment ;un  film qui dénote une vision du monde assez ignoble...

    Est ce que je n'en aurais pas dit ainsi beaucoup sur l'époque et ses ambiguïtés ?

    sur ce joyeux Noel, bonne année, Happy Hannukah, joyeuses Pâques, shabbat shalom, et surtout : bonne bourre ! 


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  • "Bad lieutenant" est le fameux film d'Abel Ferrara, datant de 1992 il me semble, où Harvey Keitel obteint sans conteste le rôle le plus magnifique et le plus difficile de toute sa carrière : incarner ce flic toxico et défoncé d'un bout à l'autre du film, confronté à une affaire de viol d'une religieuse dans le "Spanish Harlem" de ces années là.

    http://archive.filmdeculte.com/culte/culte.php?id=161

    Le film m'a toujours fasciné, mais j'avoue que j'ai grandement évolué dans mon "positionnement" vis à vis du "style" de l'oeuvre. Alors qu'il y a encore peu le "pathos" (que je caractérisais comme "chrétien") m'énervait, et c'est peu de le dire, je trouve maintenant que c'est un des films les plus beaux et les plus puissants jamais réalisés aux USA, je le place presqu'au niveau de "There will be blood", c'est dire...

    Voici ce que j'écrivais d'ailleurs il y a moins d'un an, en février 2009, après la "crise" de 2008 donc, dans deux articles parus sur l'autre blog :

    http://sedenion.blogg.org/date-2009-02-04-billet-969268.html

    http://www.blogg.org/blog-76490-billet-mathesis_universalis___itineraire_historique_de_la_perte_de_soi_et_de_l_egarement-970160.html

    Je (me) cite (dans le premier article):

    «Car ce "Dieu", qui n'intervient pas dans l'Histoire, qui ne nous connaît pas par notre nom , que nous ne "rencontrons" pas en tant qu'individus, en face à face, mais d'esprit à esprit, donc dans notre dimension trans-individuelle,  ne réclame rien moins qu'un héroïsme de la Raison, celui auquel invitait Husserl en 1936-37 dans la "Crise des sciences européennes".

    Or, que l'homme, dans sa situation-dans-le-monde préphilosophique, soit faible, c'est une vérité mise en avant depuis toujours par le christianisme. Elle fait l'objet d'un film fabuleux, prodigieux, très "chrétien" dans l'esprit : "Bad lieutnant", d'Abel Ferrara, sorti au début des années 90. C'est d'ailleurs la substance de l'aveu que fait le magistral acteur Harvey Keitel au cours de la scène où il a l"illlusion de parler au Christ : "je suis trop faible, si tu ne m'aides pas je ne peux rien".

    C'est, si l'on veut, le dernier mot de la Foi.

    Mais la foi est un luxe que beaucoup ne peuvent plus se payer, et notamment les junkies ...»

    Or il est juste de dire qu'il s'agit d'un film très "chrétien", mais disant cela on n'a rien dit ; et il est tout à fait significatif que je parte, dans cet extrait datant de février 2009, de la Krisis d'Edmund Husserl. Car on parle toujours d'Husserl comme d'un juif allemand persécuté sur le tard, mais on ignore , ou l'on passe sous silence, qu'il était (par conversion) et se définissait chrétien.

     Ce qui ne doit nous étonner en rien si nous approuvons l'évolution récente de ce blog, qui unifie judaïsme et christianisme en un même processus de la Raison.

    Mais l' on est tout de même en droit de s'étonner, au vu du "slence assourdissant" régnant dans l'oeuvre husserlienne (publiée à ce jour) sur les questions religieuses (mais il est vrai que ce qui est publié ne représente encore qu'une petite partie de l'ensemble, proprement immense).

    Que l'on lise alors cet article "Husserl comme théologien" :

    http://www.history-cluj.ro/SU/anuare/2008/Continut/art15Sivak.PDF

    dont je ne résiste pas à citer le début, portant sur la confidence de Husserl à son élève Edith Stein (connue elle comme philosophe juive devenue chrétienne, tout comme Simone Weil d'ailleurs) en 1935:

    «La vie d'un homme n'est rien d'autre qu'un chemin vers Dieu . J'ai essayé de parvenir au but sans l'idée de la théologie, ses preuves, ses méthodes, en un mot j'ai voulu atteindre Dieu sans Dieu. Il me fallait éliminer Dieu de ma pensée scientifique pour ouvrir la voie à ceux qui ne connaissaient pas la route sûre de la foi passant par l'Eglise. Je suis conscient du danger que comporte un tel procédé et du risque que j'aurais moi même couru si je ne m'étais pas senti profondément lié à Dieu et chrétien du fond du coeur»

    Wittgenstein est un autre exemple de philosophe d'origine juive  dont la famille s'était convertie au christianisme quelques générations avant; mais il se situe sur un "bord" (exemple : "je suis le plus grand penseur juif de tous les temps") qui explique pas mal de choses, notamment son manque de réserve vis à vis de la question de Dieu, à mon sens tout au moins, car ses confidences des "Carnets secrets" sont celles d'une foi banale, d'un recours à Dieu et à la prière pour éloigner la mesquinerie de l'entourage, il est vrai qu'elles datent du temps de guerre, sur le front en 1914-15. Et puis qui suis je pour juger Wittgenstein ?

    Tout comme l'on ne dit pas grand chose quand on dit "chrétien", on en dit encore moins quand on dit "athée" : disons qu'il faut distinguer (pour le moins) entre deux grandes catégories d'athées, ceux qui disent "Dieu est avec nous" et qui ont tout le temps le mot "Dieu" à la bouche, ce qui touche à la profanation, et ceux qui disent "Dieu est loin, absolument transcendant, au delà de toute raison", ce qui poussé au stade ultime donne "Dieu n'est pas, ou Dieu n'existe pas".

    Le silence de husserl, qui obéit aux exigences de la réduction phénoménologique, n'est évidemment à classer dans aucune de ces deux catégories, et pour cause : Husserl est un penseur profondément chrétien, tellement même qu'il garde un silence absolu, et voulu, sur le christianisme et la question de Dieu.

    Ceci pour la raison qu'il indique lui même : par pure et héroïque "charité" (chrétienne pour le coup) envers les gens comme nous , ceux qui sont incapables d'emprunter la route de la foi.

    On voit donc que ce que j'écrivais en février 2009 est un peu biaisé : j'y opposais un héroïsme rationaliste et "la foi du charbonnier " (en gros), mais ceci est évidemment inopérant au vu de la citation de Husserl : il est des exemples de foi héroïque ,que l'on pense aux martyrs des débuts de l'Eglise, que l'on pense à Edith Stein ou Simone Weil, et que l'on pense à Husserl lui même, qui ne nierait certainement pas avoir la "foi" en Dieu, en le Dieu chrétien !

    Quant aux persécutions d'ordre antisémite contre Husserl, qui sont plutôt des vexations immondes et mesquines, elle ne font que traduire le climat de folie qui régnait alors, même dans le milieu universitaire hélas; et je réserve mon jugement à propos du rôle de Heidegger en cette affaire, ayant entendu tout et son contraire à ce propos !

    Le "lieutenant de police" joué par Harvey Keitel , même s'il se définit comme un "fucking catholic" éloigné de l'Eglise, n'a rien d' un homme de foi, ni d'un héros. Il incarne tout simplement à l'extrême l'aboutissement pervers ayant commencé par la destruction pascalienne de la métaphysique occidentale dont j'ai récemment parlé ici.

    On notera d'ailleurs qu'il n'a pas de nom ni de prénom dans le film, ce qui est rare, et marque avec évidence une intention : il n'a plus de nom humain (social) mais pas encore le "nom nouveau" dont il est parlé dans l'Apocalypse. La seule fois où il est nommé, c'est par dérision, du nom du joueur de football noir "Strawberry" qui l'obsède d'un bout à l'autre du film.

    Abel Ferrara a écrit le scénario avec Zoé Lund, qui dans le film joue le rôle de l'accompagnatrice  du lieutenant dans la drogue. Son  monologue , lors de la deuxième et dernière scène où on les voit tous les deux, est magnifiques, il décrit les toxicos, les junkies :

    «Les vampires sont plus heureux que nous : ils se nourrissent des autres, eux.  Il  faut se dévorer soi même, manger ses propres jambes pour pouvoir marcher, décharger (éjaculer) pour recharger, se sucer soi même à fond, se manger soi même complètement ("eat away our souls") jusqu'à ce qu'il ne reste plus de nous que la faim. C'est dingue, il faut donner, donner, donner...si l'on ne donne pas rien n'a de sens.. Jésus l'a dit maintes et maintes fois. Personne ne comprendra jamais pourquoi tu as fait ça. Demain tout le monde t'aura oublié»

    la dernière partie du monologue concerne sans doute Jésus-Christ (le Jésus historique pour certains, ou légendaire pour d'autres, celui qui fut crucifié, pas le Logos des philosophes) , comme cela est suggéré par les images, mais en fait tout autant le "lieutenant".

    Le parcours de Keitel dans le film n'est en effet rien d'autre qu'un calvaire et une montée au Golgotha, mais absolument inversée, parodique, diabolique : celui de l'homme moderne déchu, le résultat de l'évolution de Pascal à Sade. La montée est devenue descente (au propre et au figuré, car il n'arrête pas de boire ou de se droguer).

    J'ai aussi profondément évolué, c'est le cas de le dire, vis à vis du personnage de la religieuse : c'était le personnage qui m'énervait le plus, et m'empêcha longtemps de prendre le film vraiment au sérieux, tout en reconnaissant sa force fascinante.

    Maintenant c'est le personnage que je trouve le plus beau et le plus sublime, dans le film et peut être dans toute l'oeuvre cinématographique mondiale..

    il me faut, sur le tard, me rendre à l'évidence : aimer ceux qui nous haïssent, pardonner à ceux qui nous ont offensé (et, dans le cas de la religieuse du film, cela signifie pardonner complètement aux deux salopards qui l'ont violée, sodomisée, déflorée avec un crucifix, brûlée avec des cigarettes) c'est non seulement admirable, sublime, héroïque,... mais c'est : beau !

    Beau d'une beauté surhumaine, qui est celle du message évangélique !

    L'actrice Frankie Thorn joue tellement bien qu'elle arrive à convaincre, lors de la dernière scène, au moment où elle est en prière aux côtés du lieutenant agenouillé lui aussi, mais de par la fatigue extrême dûe à la défonce : elle a vraiment et sincèrement pardonné à ces deux (je cite ses paroles dans une autre scène) "miséreux qui comme tous les miséreux veulent prendre de force"... et elle ne fait de reproches qu'à elle même, pour n'avoir pas su "changer la semence amère en sperme fertile, comme Jésus l'eau en vin".

    Je n'ai jamais vu femme plus belle, même en rêve ! beauté surhumaine parce que personne ne peut pousser l'héroïsme aussi haut, sauf un saint, sauf une sainte : et il y a des saints et des saintes (mais à l'écart des médias, si vous voyez à quoi et à qui je pense).

    Ce pardon sublime dépasse complètement l'entendement du "lieutenant", qui se situe évidemment ici au stade du talion judaïque : il voudrait, lui, tuer les deux petites ordures, même si cela va aussi contre le droit... et quelques secondes après il se réfère au même droit qu'il voulait bafouer en demandant carrément à la religieuse si elle a vraiment le droit, vis à vis des autres femmes,  de laisser courir les deux hommes, qui recommenceront certainement...

    Tout cela bien sûr est commun, banal : dépassement du talion et de la loi dans l'amour, pardon des offenses, sainteté.... mais le vrai est parfois simple, et donc difficile. or osons le dire : qui d'entre nous pardonnerait ainsi ? et le "lieutenant" ne trouve à dire que ceci : "atterrissez ma soeur!".

    Pour ma part je ne pouvais pas supporter qu'elle lui dise en le quittant : "adressez vous à Jésus...vous croyez en Dieu n'est ce pas ?"

    j'y voyais (à tort) la marque d'une outrecuidance des croyants, icapables croyais je d'envisager même l'idée d'un être n'ayant pas du tout la foi...

    mais je me trompais : elle lui dit "vous croyez en Dieu n'est ce pas ?" sur un ton propre à faire comprendre que cela ne fait aucun doute parce qu'effectivement cela ne fait aucun doute, et cela n'a aucun rapport avec la façon qu'il a de toujours se dire un "fucking catholic" : un être qui se détruit lui même aussi obtinément que le "lieutenant" marque ainsi qu'il croit, ou plutôt qu'il se voue à Dieu dans son anéantissement même. seulement ceci n'a que peu à voir avec le sens du christianisme, selon lequel Jésus est venu s'incarner justement pour que de telles voies vers Dieu dans la destruction de soi même soient définitvement fermées...

    L'autre scène, très difficile à jouer évidemment pour Keitel (compte tenu du fait qu'il avait fait jouer ses propres  enfants dans les rôles des enfants du policier du film) est évidemment celle où il arrête les deux gamines au volant de la voiture de papa, et sans permis : ivre comme toujours, il les force à imiter une fellation en se masturbant devant elles !

    C'est là que l'on reconnait les grands acteurs : ceux qui prennent le risque d'habiter leur personnage !

    Quel est le sens d'une pareille scène, mis à part le scandale qu'elle a sans doute déclenché ? c'est de montrer en quelque sorte "sur le vif" qu'il ne suffit pas de renverser la loi, toute loi, pour accéder à l'amour...car dans cette scène le policier adopte volontairement un ton d'enfant complice des deux gamines vis à vis du "père absent" mais que l'on devine redoutable. Mais c'est un enfant persécuteur et tourmenteur. Monsieur "Notre père qui êtes aux cieux" est demandé de toute urgence, ou à défaut un père fouettard , menaçant et punisseur, seule représentation de la loi que ces adulescents puissent envisager, impuissants qu'ils sont à l'intérioriser suffisamment pour pouvoir un jour, effectivement, la barrer et changer de niveau , accédant à l'amour spirituel (qui ne saurait se dégrader en auto-érotisme).

    On n'aura sans doute jamais aussi bien réussi au cinéma , par l'atmosphère même d'un film, à traduire l'extrême désacralisation ou plutôt désanctification nihiliste contemporaine...

     

     


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  • Décidément la fin du monde est à la mode à Hollywood et dans ses succursales !

    c'est le troisième film ayant ce thème que je commente ici rien que cette année (après "Les derniers jours du monde" et "2012").

    Mais celui-ci, tiré du roman de Cormac Mc Carthy, vaut beaucoup mieux que les deux autres :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Route_(film)

    Que cherche l'Hydre (dont Hollywood est une des "têtes"), la Pieuvre, le "Système", le Gestell, le Dispositif (de la mondialisation) en inculquant de cette manière aux masses (au moins aux masses occidentales) l'obsession de la fin du monde qui est proche, et en prenant pour cela tous les moyens à disposition (depuis le calendrier Maya revu par Neuneuland jusqu'aux effets réels du réchauffement climatique, causé en partie par l'action de l'homme, mais les scientifiques ne sont pas d'accord sur l'importance de cette partie) ?

    http://www.lentrelacs.org/article.php3?id_article=121

    http://www.bibliotecapleyades.net/biblianazar/ahriman.htm

    http://www.blogg.org/blog-81251-billet-la_montagne_magique_et_l_anthroposophie-1062532.html

    Je ne répondrai pas à cette question, car d'une part je n'en sais rien, et d'autre part ce n'est pas une "question" à laquelle on puisse "répondre" (en tout cas dans le cadre d'un article de blog, ni même d'un livre savant).

    Mais je dirai simplement, comme d'autres, que je ne vois rien de bon qui pourrait sortir de toute cette agitation basée uniquement sur les sentiments de peur.

    Mais peu importe : le film est très attachant, et nous pouvons en tirer, dans la perspective du "travail" que nous nous sommes proposé ici, certaines réflexions utiles, sans céder aux sirènes du Dispositif et aller les yeux fermés dans la direction où elles veulent nous mener, Dieu sait dans quel but (mais pas un but qui serait bon pour nous, certainement pas, puisque j'ai déjà démontré ici que ce sont des forces démoniaques qui sont "cachées" derrière les acteurs, politiques ou médiatiques, qui mènent le monde, en  manipulant ces "acteurs" comme des pantins... exactement comme le fait Hollywood en somme).

    Il est d'ailleurs très facile de voir , s'agissant du film "La Route", l'endroit où le scénario nous berne complètement : on nous présente, comme dans "Mad Max" un monde apocalyptique d'après la guerre nucléaire (ou, dans "2012", d'après la destruction complète dûe à des forces cosmiques, ou, dans le scénario écologiste discuté à Copenhague en ce moment, d'après le changement climatique extrême).

    Dans ce monde où toute vie civilisée semble avoir disparu,  ne subsistent que quelques rares survivants cherchant désespérément de la nourriture, car il n'y a plus de récoltes, plus d'animaux, plus d'énergie donc plus de transports. Le cannibalisme devient donc très répandu, ainsi que la méfiance, la haine : l'homme est vraiment devenu un loup pour l'homme

    Mais voici comment il faut lire le film, si du moins l'on veut ne pas se laisser mener par le bout du nez par le Dispositif : ce monde , il est déjà là !

    c'est le monde du capitalisme "globalisé" , même quand il s'habille des haillons du communisme, comme en Chine. Et comme disait Lacan je crois, le capitalisme est tellement efficace qu'il en arrive à se dévorer lui même : les "délocalisations", "rationalisations" et réductions d'effectif, qu'est ce d'autre ?

    c'est le monde "mondialisé", le monde de la concurrence généralisée, où chacun cherche à "tuer l'autre" (de façon imagée) pour prendre sa place, pour arriver en haut de l'échelle sociale, et accéder à la richesse, aux honneurs, au pouvoir....et quelquefois , il le tue réellement.

    L'apocalypse, c'est cela : le dévoilement de ce qu'est véritablement le monde qui se prétend humain !

    La véritable originalité du film (et du livre, que je n'ai pas lu) c'est de nous présenter cette vieille rengaine de la fin du monde civilisé à travers les errances d'un père et de son fils.

    Il y a trois  manières de lire (philosophiquement) le film, je ne sais pas quelle était l'intention de l'écrivain, ou du réalisateur, et je m'en moque d'ailleurs...

    La première manière est "athée", la seconde est "païenne" : c'est  elle fait l'objet de l'article suivant du blog "Bartleby les yeux ouverts", consacré au livre (et qui donne en lien d'autres sites sur le même thème) :

    http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2008/01/promthe-porteur-de-feu-mccarthy-la.html

    (voir aussi, sur le film : http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2009/09/la-route-le-film.html )

    Je cite la fin de l'article :

    "Or, si l’Elie de McCarthy contribue bien à unifier les cœurs du père et de l’enfant par le don de nourriture et de feu, il dit les choses clairement :

    « Il n’y a pas de Dieu et nous sommes ses prophètes. »


    C’est de manière plus païenne que je comprends donc ce texte. L’enfant est un nouveau Prométhée porteur de feu. Le feu, dans le mythe raconté par Platon dans le Protagoras, est ce à partir de quoi l’homme va échapper à l’animalité et à une disparition certaine. Le feu, c’est la civilisation. Si Dieu il y a, il doit se définir, selon les propos de la femme qui recueille l’enfant, comme le souffle qui se transmet d’un homme à un autre pour l’éternité"

    La troisième manière est celle que je vais tenter d'esquisser ici : c'est la lecture chrétienne, ou plutôt "chrétienne" puisque je rappelle que quand je parle du christianisme ici, il s'agit de toute autre chose que des différentes religions s'appelant "christianisme".

    Ceci soit dit sans aucunement vouloir donner de leçons : je ne suis pas chrétien, je ne connais rien au christianisme, je ne suis donc certainement pas à la hauteur de la tâche que je viens de définir.

    Et pourtant il me faut bien "parler", puisque ce blog, c'est quand même moi, pour l'instant, qui écris dessus. Et les deux lectures que je viens de définir ne me satisfont absolument pas.

     Cela n'étonnera personne, si l'on remarque que le blog "Bartleby les yeux ouverts" que je viens de citer a pour "slogan" cette citation de Fernando Pessoa, inversant Descartes :

     «Je pense donc je ne suis pas»

    J'ai dit que le "christianisme" dont je parle est tout autre chose que la ou les religions "chrétiennes" : je le maintiens, mais en ajoutant que cela a quand même quelque chose à voir avec le christianisme historique... sinon je n'aurais pas le droit d'employer ce nom, sauf à vouloir complètement me payer la tête des gens, ce qui n'est pas le cas !

    Disons que ce "christianisme", qui forme le nouvel "objet" (non objectivable) de ce blog, c'est le christianisme religieux unifié par le christianisme des philosophes dont parlent Spinoza et Brunschvicg.

    C'est , disons : Le Tanakh (Torah Nebiim Ketoubim, ce qu'on appelle généralement ancien testament) + l' Evangile et le Nouveau Testament  + les philosophes véritables (Platon Descartes, spinoza, Malebranche fichte Brunschvicg) + la mathesis, c'est à dire les principes intellectuels derrière la mathématique...pour nous limiter au niveau théorique !

     le niveau pratique étant : fonder l'absolu désintéressement de l'amour (universel, pas sexuel bien sûr) sur l'expansion infinie de l'intelligence (dans la science)

    Bigre !

    Quelle est elle donc, cette lecture "chrétienne" du film ?

    ce sera bref, et je répète encore que je n'ai aucun droit à m'appeler "chrétien" (hélas !) ...

    Ce monde "apocalyptique", censé être celui d'après une guerre nucléaire, mais dont j'ai dit qu'il est déjà là, sous nos yeux (comme le savent très bien les SDF des rues de n'importe quelle grande ville), s'incarnant peu à peu sous sa forme démoniaque...

    ce monde, c'est tout simplement le monde de l'athéisme, ou du paganisme, ou de l'Islam, ou de la mondialisation actuelle, appelez le comme vous voulez ...

    c'est notre monde depuis toujours (et pour toujours ?) !

    Ce monde, c'est le monde non chrétien !

    tout simplement ! et l'Occident qui se dit "chrétien", même aux rares occasions où il était ça ou là en voie de christianisation, ne l'a jamais été réellement: c'était la tâche que s'était fixée Copernic , christianiser l'intelligence, et toute la science moderne en est sortie !

    C'est le monde du non-christianisme où l'homme est un loup pour l'homme, où l'homme veut "manger l'autre homme" pour s'approprier sa force, sa puissance, son argent, et sa femme, pourquoi pas... monde du cannibalisme donc, de la sauvagerie, du Mal.

    C'est un monde qui est un "non-monde" : cela "fait des effets de monde" mais ce n'est pas Le Monde (celui qui est représenté par exemple sur l'arcane 21 du Tarot).

    Qu'est ce qui, dans le film, est "chrétien", ou "fait signe" vers un "autre" que ce monde de l'athéisme ?

    C'est bien sûr la relation de paternité, entre l'homme et son enfant, qui forme toute la trame du film.

    C'est cela la marque de fabrique du christianisme, que ne comprendront jamais les musulmans (ni d'ailleurs les hindouistes, juifs voulant rester "seulement juifs", bouddhistes, etc...) : ce qui distingue le christianisme, c'est la Trinité, et l'Incarnation !

    et les musulmans  ne font que révéler leur bêtise, quand ils  se moquent des chrétiens, en rabaissant la relation de Père et de Fils dans la Trinité à des mesures simplement humaines et terrestres.

    je ne me risquerai pas à "expliquer" ici la Trinité, je n'en suis pas capable : mais il n'y a aucune chance que les grands philosophes (comme Erigène, Saint augustin, Saint Thomas d'aquin, et bien d'autres) qui ont consacré leurs réflexions à ce sujet, aient pu tomber à ce niveau, qui est celui des fables païennes, nous présentant par exemple Zeus trompant son épouse avec de simples mortelles...

    mais au fond, on peut l'expliquer très simplement, en employant le langage de base de la pensée dite transcendantale : la Trinité chrétienne, Père-Fils-Esprit, c'est la condition de possibilité de l'existence d'une relation véritable de paternité sur Terre, telle qu'elle est présentée dans le film : un homme, imparfait certes, mais se dévouant corps et âme pour protéger un autre homme, son enfant...

    Si la Trinité qui est la marque du christianisme est une fable, une invention de poètes, alors il est impossible à tout jamais qu'il puisse exiter une véritable relation de paternité "dans le monde" ! ce qui se présente comme "paternité "empirique n'est qu'égoïsme déguisé, ou bien simple respect de traditions tribales ...

    Le film, qui nous présente une relation de paternité véritable, est donc par cela même "chrétien" ! il pointe vers un "au delà" absolu de ce monde terrifiant de l'athéisme !

    mais bien sûr, un des aspects criticables, son aspect si américain, du scénario, c'est la séparation entre les gentils, ceux qui ne se livrent pas au cannibalisme , et les méchants...on croirait que l'humanité se sépare en deux "races", la bonne et la mauvaise, comme les réprouvés et les élus !

     L'athéisme, ce n'est pas un discours théorique : c'est une pratique, celle où l'homme désespère absolument de toute possibilité de "vie supérieure à la simple survie ou à la simple satisfaction des pulsions primitives".

    Le paganisme, c' est encore autre chose : il est présent dans le film, par exemple dans la scène où le père, dialoguant avec le vieillard appelé Elie, lui dit que son fils est pour lui un "dieu", "son dieu" . Et l'autre (représentant l'athéisme)  le met en garde, avec raison ! "il est très dangereux de se balader sur cette route aux côtés d'un dieu" !

    et il y a aussi dans le film une scène où le père incarne le "judaïsme" quand il veut rester "seulement juif", et ne veut pas reconnaître le progrès réalisé par le christianisme dans la voie vers l'universel : c'est la scène où le père refuse de "pardonner" au Noir qui a tenté de les voler et lui prend tous ses vêtements en lui disant : "ce que tu voulais nous faire, je te le fais!"

    en somme "Oeil pour oeil, dent pour dent", loi du Talion..

    et c'est le fils qui alors incarne le christianisme en implorant son père de pardonner, et de donner au Noir à manger et de quoi se vêtir ! mais hélas en pure perte !

    mais j'ai déjà dit que l'on ne saurait séparer, sinon dans une abstraction vide de sens (et qui a finalement abouti à la Shoah) judaïsme et christianisme, qui sont un seul et même processus Infini : en aucun cas le christianisme ne saurait être antisémite, sinon c'est qu'il se renie lui même !

    il y a dans le film une scène insupportable d'horreur, et quasiment insoutenable (d'ailleurs le film est interdit aux moins de 12 ans) : cette scène , située dans la première moitié du film, où le père et son fils entrent dans une maison qu'ils croient abandonnée, à la recherche de nourriture et de feu, ou d'autres ustensiles nécessaires à leur survie...

    ils découvrent un cave fermée au verrou, qu'ils font sauter à coups de pioche, et dans la cave ils découvrent plusieurs hommes et femmes nus, affamés : il s'agit du garde-manger des occupants de la maison (une femme et plusieurs  hommes) , qui reviennent d'ailleurs peu après... ils gardent ces pauvres êtres enfermés dans la cave et les dévorent peu à peu, avant d'en capturer d'autres sans doute!

    C'est cela, le monde de l'athéisme, ou du paganisme (où des humains se prétendent des "dieux", en en prenant les prérogatives, pour satisfaire leurs instincts).

    Le monde chrétien, c'est celui qui rend impossible à jamais de pareilles horreurs.

    Mais pas besoin d'aller jusqu'au cannibalisme : dès que  certains hommes en prenennt d'autres comme objets , comme esclaves, pour les réduire au stade de simples ustensiles, utiles à la satisfation de leurs pulsions de Maîtres, que celles ci soient sexuelles,ou visant à dominer, ou à obtenir d'autres plaisirs, nous sommes dans ce genre d'horreurs.

    Car j'ai parlé des trois ordres de "libido" distingués par Pascal : désir de sentir, d'éprouver du plaisir (sexuel notamment), désir de posséder , et désir de dominer... auquel nous avions ajouté le désir de savoir, auquel seul Pascal a succombé.

    mais pour satisfaire ces "désirs", encore faut il être en vie, donc encore faut il manger : le cannibalisme se présente donc comme l'infra-désir sur lequel ces trois ou quatre "ordres" de libido sont fondés.

     Lorsqu il ne reste plus que des humains, et rien à manger, se présente la solution du cannibalisme... ou alors de se laisser mourir, si l'on refuse ! 

    Cela est expliqué dans les "Essais de morale" de Pierre Nicole (le philosophe augustinien et janséniste qui a composé avec Arnauld la "Logique de Port-Royal"), au chapite 1 du second traité, page 73 :

    http://books.google.fr/books?id=O5n_ci5VT7sC&dq=Nicole+essais+de+morale&printsec=frontcover&source=bl&ots=3vT7rO2Xpe&sig=0EbzcMkqHMZpbKVS3VQmSwBZMzI&hl=fr&ei=sngfS6agAtGj4QbB5KH1Cg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAgQ6AEwAA#v=onepage&q=&f=false

    "Que la vie païenne c'est de suivre sa propre volonté, la vie chrétienne c'est de suivre celle de Dieu"

    ce qui passe, dans la relation de paternité, par l'oubli complet de soi même au profit de la vie de son enfant..

    Le même genre d'horreur "paîenne" s'est passé en Belgique il y a quelques années : quand Marc Dutroux enfermait des jeunes filles dans sa cave , se les réservait, pour les violer plus tard...

    d'où vient la réprobation et le tabou universel de l'inceste ? comme l'a montré Claude Levi-Strauss, c'est simplement la base de toute vie en société. Une société se forme quand les familles s'échangent les fils et les filles, s'accordent mutuellement leurs filles en mariage (et donc il ne peut pas exister de société harmonieuse composée de musulmans et de non musulmans, puisque le Coran interdit à un non musulman d'épouser une musulmane).

    l'horreur spécifique qui nous saisit à la pensée de relations incestueuses entre un père et sa fille, ou une mère et son fils, révèle quelque chose de plus : il a dû exister dans le passé , peut être pas si loitnain, des tribus où le Père tout puissant se réservait les filles comme proies sexuelles. Ces ignominies ont pu se produire, et d'ailleurs je crois que Freud place à l'origine de la civilisation le meurtre du Père par les fils excédés (qu'il se réserve ainsi les filles).

    Dieu, le Dieu des philosophes qui est le même que le Dieu chrétien, c'est la condition de possibilité pour qu'il y ait un monde, Le Monde, où ces horreurs soient à jamais impossibles !

    mais vous vous dites peut être : d'accord, cela a pu se passer chez des sauvages de l'ancien temps ... mais pas dans notre monde moderne!

    erreur ! lourde erreur ! et même pas la peine de recourir à l'affaire Dutroux !

    quand, dans une entreprise, un ou plusieurs "dirigeants" réduisent les employés à de simples objets qu'on manipule, puis qu'on jette, lors d'une délocalisation par exemple, de quoi croyez vous que l'on parle ? exactement du même genre de comportement de prédateurs païens, ou athées !

    et que se passe t'il dans ces "cités sensibles" où des "jeunes" utilise des jeunes filles comme "proies sexuelles" dans des "tournantes", pour la simple raison qu'elle n'ont pas de "père" ou de "frère aîné" susceptible de les "protéger" (comme un maquereau "protège" ses "filles") ?

    C'est exactement le même genre de situations !

    et j'ai déjà expliqué ici que l'Islam (qui règne sous nos yeux de plus en plus dans ces "cités sensibles"), ce n'est rien d'autre qu'un athéisme radical sous la forme rituelle et sacrificielle d'un paganisme répugnant! c'est exactement la formule que j'ai employée !

     

     

     

     


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