• Bonjour Mireille, Bonjour Nymphe... Je commence à connaître des gens, c'est agréable. Si je ne me souviens plus de ceux qui m'aimaient, au moins je peux me rappeler ceux que je rencontre maintenant. Faute de savoir qui je suis, j'aurai au moins des amis.

    Des échéances?

    Non. Les médecins sont dans le flou autant que moi, sinon plus... Ils ont commencé à me poser des questions, à me faire des commentaires, comme s'ils espéraient des réponses. Je suis un cas pour eux.

    Le temps est relatif, quand on est dans cet état de toute façon.

    L'horreur n'est pas tant de voir mon corps immobile, mais de savoir que c'est le mien sans vraiment le reconnaître.

    Je manque de livres. Ma vie devait être remplie de livres avant, même si je ne sais pas quel personnage j'étais.

    Mais si j'étais forte, je dois l'être encore.

    Je crois que...

    Je crois que si le temps s'est arrêté, ça doit vouloir dire quelque chose.

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  • On m'a trouvé sur une grève.

    J'ai entendu une infirmière en parler avec un médecin. Traumatisme crânien. Nombreuses blessures et contusions. aucun papier d'identité sur moi. Ils croient que ma voiture est peut-être accidentée... et au fond de l'eau, et que j'ai pu m'extirper à temps du véhicule et nager jusqu'au bord, avant de sombrer dans le coma.

    Ça ne me dit rien du tout.
    Mais si c'est vrai, alors je ne devais vraiment pas vouloir mourir.

    Est-ce que j'ai fui?
    Est-ce que tout ça n'est qu'un banal accident?
    Je ressens de la peur.
    Qui est à mes trousses?


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  • «Sois heureuse avec les gens qui t'entourent» a dit Mireille. Où sont-ils? Où sont les miens? Qui va leur dire où je suis? Ma plus grande douleur est de ne pas me souvenir d'eux.


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  • Je suis restée entre les quatre murs de ma chambre.
    Des gens viennent me voir régulièrement. Ils m'appellent Elia. Ils m'observent, s'occupent de moi, se demandent si je les entends.
    Mais ils ne me demandent rien. Ils attendent que je me réveille.
    Ou que mon coeur s'arrête.

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  • Ces croix... Elles ont suscité en moi une émotion que j'ai du mal à définir. Une grande vague de tristesse. J'ai cru que je me noyais. Puis cette vague s'en est allée. Me reste un peu d'écume, l'humidité et l'odeur de fond de cave.


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