• Septembre... Déjà? Je n'ai pas eu d'été. L'été est habituellement ma saison préférée.

    Plus je m'éloigne des événements dans le temps, plus j'ai de chances qu'on m'oublie peut-être. Je me demande si j'arriverai un jour à savoir exactement ce qui s'est passé. J'ai le sentiment que je serais mieux de m'en rappeler avant qu'on se rappelle de moi.

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  • C'est silencieux aujourd'hui. Le soleil entre par la fenêtre. On dirait qu'il s'amuse seul aujourd'hui.

    J'ai des espaces peuplés de rêves dont je ne me souviens pas au réveil. Si réveil, il y a...

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  • Mes souvenirs tournent en rond.

    Je me souviens d'une femme dans une toilette de restaurant. Elle est venue me parler. Je la vois dans le miroir derrière moi.

    Puis cet homme qui s'est approché. Et j'ai dû partir précipitamment. J'ai eu peur quand j'ai cru le voir sous les arbres, et je n'ai pas pu avertir personne. Et... Et j'ai cru que c'était la fin. Et... Et ici.

    Rien d'autre ne domine clairement. Sauf les bribes de souvenirs lointains qui me reviennent. Je ne sais pas plus d'où je viens.

    Et... Et mon beau Dr Folamour est marié. L'infirmière, Martha, me l'a dit. Ça fait rien. C'est quand même mieux de se faire soigner par un doc jeune et beau. Ça fait partie des bénéfices marginaux. Mettons.

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  • L'air est doux après la pluie.

    J'ai dormi. Depuis plusieurs heures, il ne se passe plus rien dans ma tête.

    Maintenant, je crois que c'est la nuit et l'hôpital s'endort.

    Il y a eu le monde à l'envers, les arbres déracinés, les eaux qui se retirent en laissant derrière elles des débris et des corps à découvert. L'eau ne fait pas que laver. Elle peut détruire et salir.

    Et je suis toujours entre deux mondes, à me demander de quel côté basculer. Plus je me rapproche de la vérité, plus un sentiment de danger m'assaille, et j'éprouve le besoin de reculer. Plus loin. À la recherche de moments heureux, sans souci.

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  • Il pleut. J'entends la pluie laver les vitres et le monde au dehors.

    Comme elle a dû laver mes traces pour qu'on ne me retrouve pas. S'ils me retrouvent, ils me poseront plein de questions.

    Le Dr Penfield a une maison près d'un lac. Il me l'a dit. Il m'a demandé si jen avais une aussi. J'en avais une quand j'étais petite. J'en avais une.

    Après, non. Je ne pense pas. Pas de lac.

    Je m'entends courir dans la pluie. Nous courons et je ris. J'adore la pluie. Je suis sortie sur mon balcon avec mes grosses bottes en caoutchouc et un chapeau. Il fait chaud mais il pleut à boire debout. Puis je me lance dans la pluie. Il rit de moi, puis décide de me suivre.

    Et je pile exprès dans les flaques d'eau.

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