• Je ne sais pas pourquoi je suis allée habiter là. Ni pourquoi je suis partie. Je ne sais même pas c'est où exactement. Je la vois mais je ne me souviens pas.

    Est-ce qu'on part toujours quelque part en sachant qu'on ne reviendra plus? Ou avec un espoir de retour? De toute façon, aux dernières nouvelles, la Terre était ronde, alors j'imagine qu'on ne peut jamais aller aussi loin qu'on le pense.

    Ils ont essayé quelque chose de nouveau aujourd'hui. Des stimulis sensoriels. Ils avaient différents objets avec eux et m'effleuraient le corps avec ces objets, un par un. Ils me disaient à voix haute ce qu'ils faisaient, me nommaient et me décrivaient les objets. Des morceaux de tissu. Velours, soie, balle de laine. Il y avait aussi une éponge et un morceau de papier sablé. Et je ne sais plus quoi encore. Ils essayaient de provoquer des réactions physiques. Mais je n'ai rien senti.

    Ça m'a donné envie de les sentir, quand même... De toucher, moi aussi. De sentir la fraîcheur de l'eau ou la moiteur de l'air. De me sentir vivante.

    J'ai déjà lu que ce sont nos sensations qui sont nos premières informations. Si ma peau ne reçoit plus rien, ça veut dire que plus aucune information ne se rendra jusqu'à mon cerveau? Et que je n'apprendrai plus aucune nouvelle chose?!

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  • Quand je me suis installée dans cette maison, c'est sa grande galerie qui m'a séduite. Je pourrais m'y asseoir et regarder... Il n'y avait pas d'eau en face. Il n'y avait rien. Rien d'autre que la route, invitante. Et la verdure. Et quelques arbres. Et d'autres maisons au loin.

    Je crois que j'aurais due rester seule sur ma galerie. Il me semble que rien de tout ça ne serait arrivé. Si j'étais restée chez-moi. Tranquille.

    La galerie est vide aujourd'hui. Je ne vois personne. Rien ne bouge dans la maison non plus. On dirait qu'elle m'attend.

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  • J'ai eu la visite de mon beau docteur. Il m'a parlé de tout et de rien mais pas de moi. Il ne m'a pas posé de questions sur moi. J'aime bien quand il vient me faire la conversation. Ça me rassure. Tout à coup, je suis sûre que tout ça est vrai. C'est bien moi ici dans cette chambre. je relaxe et j'arrive à me voir de haut. Je me vois étendue dans le lit. Je vois les machines, les murs blancs, le docteur qui me parle. Et je reste là à écouter et à observer.

    Je ne sais pas ce qui s'est passé mais ce n'était pas Nico avec moi quand j'ai plongé dans l'eau.

    J'avais écrit quelques lignes. Je traduisais un livre. Et j'ai tout arrêté.

    J'ai tout arrêté.

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  • Je crois que j'ai vu ma maison!

    Oui, oui, c'est chez-moi. Je suis dans le salon. Nico est sur la galerie et je le regarde à travers la fenêtre. Il me jette un oeil, son regard est triste, mais résigné. Nous sommes rendus au bout. Il le sait et moi aussi.

    Je l'aime cette maison, mais je voudrais que tout ça ne soit jamais arrivé.

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  • Je n'ai pas vu le docteur. Ni Martha. J'en ai vu d'autres. Connais pas.

    Au pied de mon lit, j'ai imaginé qu'il y avait un grand palmier... Faut pas que je bouge parce que des noix de coco pourraient me tomber sur la tête.

    Mais ça fait rien parce que qui dit palmier et noix de coco dit soleil, vacances et bord de mer! Ça me plaît bien d'imaginer que je suis sur une île du Sud au lieu d'être dans cette chambre d'hôpital! Si je reste immobile, c'est pas parce que mon corps ne répond plus... C'est parce que ça va gâcher mon bronzage!

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