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Georges Moustaki
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Ma liberté
Longtemps je t'ai gardée
Comme une perle rare
Ma liberté
C'est toi qui m'as aidé
A larguer les amarres
Pour aller n'importe où
Pour aller jusqu'au bout
Des chemins de fortune
Pour cueillir en rêvant
Une rose des vents
Sur un rayon de luneMa liberté
Devant tes volontés
Mon âme était soumise
Ma liberté
Je t'avais tout donné
Ma dernière chemise
Et combien j'ai souffert
Pour pouvoir satisfaire
Tes moindres exigences
J'ai changé de pays
J'ai perdu mes amis
Pour gagner ta confianceMa liberté
Tu as su désarmer
Mes moindres habitudes
Ma liberté
Toi qui m'as fait aimer
Même la solitude
Toi qui m'as fait sourire
Quand je voyais finir
Une belle aventure
Toi qui m'as protégé
Quand j'allais me cacher
Pour soigner mes blessuresMa liberté
Pourtant je t'ai quittée
Une nuit de décembre
J'ai déserté
Les chemins écartés
Que nous suivions ensemble
Lorsque sans me méfier
Les pieds et poings liés
Je me suis laissé faire
Et je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geôlièreEt je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geôlière--------------
Mademoiselle de bonne tenue,
Pardonnez-moi d'être venu
Faire pousser la mauvaise herbe
Dans vos jardins entretenus,
D'avoir cueilli dans vos vergers
Les tendres fruits effarouchés
Qu'à un joli jeune homme imberbe
Vous destiniez dans vos projets.Si j'ai braconné votre cœur
Comme le dernier des maraudeurs
Et si j'ai froissé quelques roses,
Vos dix-huit ans en sont la cause.Pardonne-moi aussi, veux-tu,
Désertant les sentiers battus
D'avoir piétiné les plates-bandes
Où vivait la fleur de vertu.
Mademoiselle de bon aloi,
Quand c'est 1'amour qui fait la loi,
J'ai la bouche bien trop gourmande
Pour baiser le bout de vos doigts.Si j'ai braconné votre cœur
Comme le dernier des maraudeurs
Et si j'ai froissé quelques roses,
Vos dix-huit ans en sont la cause.Mademoiselle de bonne tenue,
Demain quand je ne serai plus
Qu'une ombre que le vent disperse,
Un lointain amour défendu.
Je demanderai au Bon Dieu
Que le soleil quitte les cieux
Et que la pluie tombe en averse
Sur le jardin des jours heureux.Quand je braconnais votre cœur
Comme le dernier des maraudeurs,
J'y ai laissé un chrysanthème
Porter le deuil de mes "Je t'aime".