• Emile Blémont

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    La brise émeut les rameaux bruns,
    L'aube déjà blanchit le store ;
    Tout devient rose, c'est l'aurore !
    Le palais s'emplit de parfums.

    L'air du ciel mêle le ramage
    Des fontaines et des oiseaux ;
    Les fleurs de la terre et des eaux
    Offrent au printemps leur hommage...

    Ô feuilles des saules tremblants,
    Vous êtes de l'or fin ! Vous êtes
    Une neige chère aux poètes,
    Ô fleurs dont les poiriers sont blancs.

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    La plage étincelle, fume
    Et retentit, vaste enclume
    Que les vagues et le vent
    Couvrent de bruit et d'écume.
    Je vais, selon ma coutume,
    Le long du galet mouvant,
    Les yeux au large, rêvant
    Quelque rêve décevant
    Salé de fraîche amertume.
    Avec leurs doux cris joyeux
    Et leurs mines ingénues,
    De beaux enfants, jambes nues,
    Se mouillent à qui mieux mieux.
    De loin, les suit et les gronde
    Une vieille grand-maman.
    Une jeune femme blonde
    Lit toute seule un roman.
    Les légères mousselines
    Des nuages vagabonds
    Se déchirent aux collines.
    Les grandes vagues félines
    Se cabrent, puis font des bonds.
    Et je contemple l'abîme ;
    Et je voudrais, âme et corps,
    Me mêler aux longs accords
    Qui roulent de cime en cime.

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    Une averse a lavé le ciel. Il se fait tard.
    Le creux de la vallée est couvert de brouillard ;
    Mais sur les coteaux clairs luit au loin la feuillée,
    Et le firmament mêle à la forêt mouillée
    Des palpitations de clarté pâle. Amis,
    L'heure est propice : allons, par les bois endormis,
    Dans les champs, au-dessus de la prairie humide,
    Voir Vénus qui se lève à l'horizon limpide !

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