• Xavier Forneret

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    Il l'a tirée
    De sa poche percée
    L'a mise sous ses yeux ;
    Et l'a bien regardée
    En disant : " Malheureux ! "

    Il l'a soufflée
    De sa bouche humectée ;
    Il avait presque peur
    D'une horrible pensée
    Qui vint le prendre au cœur.

    Il l'a mouillée
    D'une larme gelée
    Qui fondit par hasard ;
    Sa chambre était trouée
    Encor plus qu'un bazar.

    Il l'a frottée,
    Ne l'a pas réchauffée,
    À peine il la sentait ;
    Car, par le froid pincée
    Elle se retirait.

    Il l'a pesée
    Comme on pèse une idée,
    En l'appuyant sur l'air.
    Puis il l'a mesurée
    Avec du fil de fer.

    Il l'a touchée
    De sa lèvre ridée. -
    D'un frénétique effroi
    Elle s'est écriée :
    Adieu, embrasse-moi !

    Il l'a baissée
    Et après l'a croisée
    Sur l'horloge du corps,
    Qui rendait, mal montée,
    Des mats et lourds accords.

    Il l'a palpée
    D'une main décidée
    À la faire mourir.
    - Oui c'est une bouchée
    Dont on peut se nourrir.

    Il l'a pliée,
    Il l'a cassée ;
    Il l'a placée,
    Il l'a coupée,
    Il l'a lavée,
    Il l'a portée,
    Il l'a grillée,
    Il l'a mangée.

    - Quand il n'était pas grand, on lui avait dit :
    - Si tu as faim, mange une de tes mains
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