• Raymond Queneau

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    Je fais parfois le rêve étrange et pénétrant
    d'une rue en étain blanchâtre et maternelle
    l'un et l'autre trottoir palpite comme une aile
    tandis que sa chaussée a tout son poids d'étant

    Les ruisseaux de plomb pur s'écoulent dans l'étang
    qu'engloutit une bouche à béance immortelle
    à chaque extrémité s'inscrit une marelle
    que ne traverse point le vulgaire impétrant

    Sous un ciel de titane un seul toit promeneur
    lentement se déplace au-dessus des bâtisses
    où grouille un animal qui ressemble à ma sœur

    Calme en son sicamor incertaine et factice
    cette voie a le charme amarante et boudeur
    de pouvoir se plier sans perdre son odeur

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