• Paul Géraldy

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    Ce n'est pas dans le moment
    où tu pars que tu me quittes.
    Laisse-moi, va, ma petite,
    il est tard, sauve-toi vite !
    Plus encor que tes visites
    j'aime leurs prolongements.

    Tu m'es plus présente, absente.
    Tu me parles. Je te vois.
    Moins proche, plus attachante,
    moins vivante, plus touchante,
    tu me hantes, tu m'enchantes !
    Je n'ai plus besoin de toi.

    Mais déjà pâle, irréelle,
    trouble, hésitante, infidèle,
    tu te dissous dans le temps.
    Insaisissable, rebelle,
    tu m'échappes, je t'appelle.
    Tu me manques, je t'attends !

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    Tu avais jadis, lorsque je t'ai prise,
    il y a trois ans,
    des timidités, des pudeurs exquises.
    Je te les ai désapprises.
    Je les regrette à présent.
    A présent, tu viens, tu te déshabilles,
    tu noues tes cheveux, tu me tends ton corps...
    Tu n'étais pas si prompte alors.
    Je t'appelais : ma jeune fille.
    Tu t'approchais craintivement.
    Tu avais peur de la lumière.
    Dans nos plus grands embrassements,
    je ne t'avais pas tout entière...
    Je t'en voulais. J'étais avide,
    ce pauvre baiser trop candide,
    de le sentir répondre au mien.
    Je te disais, tu t'en souviens :
    « Vous ne seriez pas si timide
    si vous m'aimiez tout à fait bien!... »
    Et maintenant je la regrette
    cette enfant au front sérieux,
    qui pour être un peu plus secrète
    mettait son bras nu sur ses yeux.

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