• Le créditisme, d'hier à aujourd'hui...

    J'ai retrouvé le site des Bérets blancs, hier soir, peu après avoir terminé mon texte. J'avais déjà évoqué les liens entre le créditisme, cette doctrine économique très populaire entre les années 30 et 70, mais qui désormais est confinée à la marginalité la plus complète. Des heures de plaisir, quand on dors mal la nuit, comme hier soir...

    Qu'est-ce que le créditisme ou encore le Crédit Social? Je préfère me tasser devant ce court texte d'histoire, fait tout juste pour vous répondre à cette question.  

    Le Crédit Social, par J.T. MORLEY (www.thecanadianencyclopedia.com)

    La doctrine économique du crédit social a eu de l'influence au Canada pendant un certain temps en tant que pierre angulaire d'un parti politique important. Ses principes sont formulés par un ingénieur écossais, le major C.H. Douglas (1879-1952). Selon lui, les difficultés économiques sont causées par l'inefficacité de l'économie capitaliste, qui ne procure pas à la population un pouvoir d'achat suffisant pour jouir des biens créés par le bon développement de la capacité de production.

    Douglas préconise la distribution de l'argent, ou le « crédit social », pour que les gens puissent acheter les biens et services produits en abondance par l'entreprise capitaliste. Selon lui, le total des salaires payés aux particuliers qui produisent les biens (qu'il appelle A) sera toujours inférieur au total des coûts de production (qu'il appelle B). Il s'ensuit que, sans le crédit social, la collectivité n'aura jamais assez d'argent pour acheter tous les biens et services produits. C'est ce qu'on a appelé le « théorème A´B ».

    La doctrine de Douglas n'a guère d'influence politique ailleurs dans le monde et serait probablement encore peu connue au Canada si l'évangéliste albertain William ABERHART n'y avait adhéré en 1932. Aberhart se sert de son émission de radio pour encourager les Albertains à adopter le crédit social pour mettre fin aux ravages de la CRISE DES ANNÉES 30 dans la province et au Canada.

    En 1935, Aberhart conduit le nouveau Parti Crédit Social à la victoire en Alberta, remportant 56 des 63 sièges et obtenant 54 p. 100 des suffrages exprimés. Dirigé d'abord par Aberhart, puis, après sa mort en 1943, par Ernest C. MANNING (le père de Preston Manning, l'ancien chef du défunt Reform Party, NDA), le parti remporte neuf élections consécutives et gouverne la province jusqu'en 1971. S'il obtient ce succès remarquable, c'est en partie parce qu'il remplace les fondements de la doctrine créditiste par des politiques financières et sociales conservatrices que même les banquiers pourraient louanger. Un autre facteur de ce succès est l'utilisation judicieuse des abondantes recettes pétrolières qui affluent dans les coffres de la province après 1947. 

    En 1952, un gouvernement créditiste dirigé par W.A.C. BENNETT est élu en Colombie-Britannique. Bennett ne tient pas compte de la doctrine du crédit social, mais il allie un ensemble de politiques financières conservatrices à de dynamiques projets de développement. Il gouverne la Colombie-Britannique sous l'étiquette du Crédit Social pendant 20 ans. Son fils, William R. BENNETT, devient premier ministre en 1975 et William VANDER ZALM lui succède en tant que premier ministre créditiste, en 1986. Pendant les années 50 et au début des années 60, le parti réussit également à faire élire quelques députés à l'Assemblée législative de la Saskatchewan et à celle du Manitoba.

    En 1935, le Parti Crédit Social fédéral remporte 17 sièges à la Chambre des communes, dont 15 en Alberta, où il obtient 46,6 p. 100 des suffrages exprimés. La popularité du parti fédéral en Alberta diminue graduellement jusqu'en 1968. À cette date, il est devenu négligeable. Pendant les années 50 et au début des années 60, le parti fédéral remporte un petit nombre de sièges en Colombie-Britannique. 

    Dirigé au Québec par Réal CAOUETTE, le Parti Crédit Social fédéral remporte 26 sièges dans cette province aux élections générales de 1962. Le chef national, Robert THOMPSON, obtient à peine quatre autres sièges au Canada anglais, y compris le sien. Les tensions causées par ce déséquilibre entre les deux députations fédérales, avivées par la situation privilégiée du parti dans un Parlement minoritaire, amènent une scission en 1963 et Caouette crée sa propre formation, le Ralliement des CRÉDITISTES. Ce parti, sous des étiquettes régionales et fédérales, continue d'être représenté au Parlement jusqu'en 1980.

    En tant que mouvement politique sérieux, le crédit social s'affaiblit avant et pendant les années 90, mais le parti politique est encore enregistré en Alberta. Dans cette province, le Crédit Social présente 39 candidats aux élections générales de 1993, mais sans succès. Le parti de la Colombie-Britannique a gardé son nom, mais il a rompu ses attaches avec les créditistes du reste du pays et demeure un parti relativement traditionnel et conservateur.

     Sur le créditisme au Québec, j'ai trouvé un texte complet sur l'histoire de ce mouvement politique, sur le site QuébecPolitique.com : 

    Le Crédit Social

                                             

    Idéologie: Droite créditiste et conservatrice

    Autorisation par le DGE: du 23 février 1978 au 16 novembre 1985 (parti fondé en 1970)

    Historique:

    L'idéologie du Crédit social est née des théories économistes d'un ingénieur britannique, le major Douglas, selon lesquelles l'État devait offrir aux gens un crédit (le crédit social) leur permettant de consommer davantage et, ce faisant, de relancer la production et l'économie. C'est un instituteur de l'Alberta, William Aberhart, qui a fait connaître ce mouvement au Canada durant les années 30. Au-delà des théories économiques et monétaires de Douglas, le Crédit social était de tendance de droite et conservateur, à l'image du milieu rural dont il est issu.

     

    Union des électeurs

    Le mouvement créditiste a été promu au Québec sous la bannière de deux grands partis politiques. D'abord, un mouvement social et d'éducation populaire, l'Union des électeurs, fut fondé en 1939 par Louis Even et Gilberte Côté-Mercier et présenta des candidats aux élections fédérales de 1945 et 1949, ainsi qu'aux élections québécoises de 1944 et 1948, sans réussir à faire élire un député. L'Union des électeurs disparut vers la fin des années 50, après qu'un parti politique, le Ralliement des créditistes, eut été fondé sur la scène fédérale par Réal Caouette en 1957. Des candidats furent présentés lors des élections fédérales durant les années 50 et 60.

     

    Ralliement créditiste

    En 1970, une aile québécoise du Ralliement des créditistes fut créée sous le nom de Ralliement créditiste. Après avoir pris le nom de Parti créditiste en 1973, il y eut scission entre les deux élus du parti, Camil Samson et Fabien Roy, et deux partis créditistes présentèrent des candidats en 1976: le Ralliement créditiste et le Parti national populaire. À la suite de la réélection de Camil Samson en 1976, ce dernier dissout le Ralliement créditiste en novembre 1978 après avoir créé, de concert avec l'ex-ministre fédéral Pierre Sévigny, le parti Les Démocrates, qui fut rebaptisé Parti démocrate créditiste en janvier 1980. Le parti fut dissous après que Camil Samson ait joint le groupe parlementaire du Parti libéral du Québec en septembre 1980.

     

    Anciens chefs: M. Camil Samson 1970-1972

     M. Armand Bois 1972-1973 (intérim)

     M. Yvon Dupuis 1973-1974

     M. Camil Samson 1974-1980

     

    Parti Crédit social uni (Québec)          

    Autorisation par le DGE: du 13 septembre 1979 au 27 août 1994

    Historique:

    Aile québécoise du Parti du crédit social du Canada, le Parti Crédit social uni (Québec) obtint le statut de parti politique québécois autorisé en septembre 1979. Il fut dissous après les élections générales de 1989.

     

    Anciens chefs: M. Jean-Paul Poulin 1987-1994

     

    Autres partis politiques d'idéologie créditiste

    Parti national populaire: voir Parti national populaire.

     

    Parti présidentiel: Le Parti présidentiel fut fondé en mai 1974 par Yvon Dupuis, ex-ministre fédéral, après avoir démissionné de la direction du Parti créditiste, dont il avait été élu chef un an plus tôt. Dupuis démissionna comme chef du Parti présidentiel en octobre de la même année et fut remplacé par l'ex-député Yvon Brochu. Le Parti présidentiel fusionna avec l'Union nationale en mai 1975 sans avoir participé à aucune élection.

     
    Parti réformateur: Le Parti réformateur fut fondé en décembre 1976 par l'ex-député Armand Bois. Ce parti fut dissous peu de temps après sans avoir participé à aucune élection.
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    Sur les Bérets blancs, il s'agit de la faction la plus visible désormais du créditisme. Confiné à la région de Rougemont, pas loin de Granby, où sont regroupés les institutions qui leurs sont propres (l'Institut Louis Even), les Bérets blanc vivent désormais un peu à part, convaincus de la justesse d'avoir ajusté ensemble leur vision politique, économique...et leur conviction religieuse ultra-catholique. Pour plusieurs, la chute du Québec conservateur de l'Union nationale a permis un temps à ce type de droite réactionnaire, craignant la perte de l'identité canadienne-française et catholique d'autrefois, d'avoir un sursaut ultime, lors des élections de 1970, devant l'accomplissement du Québec de la Révolution tranquille. Plusieurs pensent que l'élection des députés de l'ADQ, en grand nombre comme nous l'avons eu lundi soir, se compare dans la réaction populaire vis-à-vis des changements inévitables et difficile à admettre pour plusieurs en région, la configuration de notre nation à l'image de ce que l'on retrouve dans la métropole. Le mouvement créditiste, autant dans ses versions politiques (les différents partis) et dans son mouvement social et religieux, autour des personnalités de Gilberte Côté-Mercier, Louis Even et le journal Vers Demain, correspondaient à leur apogée à l'ultime baroud d'honneur du conservatisme au Québec. Il a fallu attendre jusqu'aux années 2000, lors du coming-out néo-libéral de Mario Dumont, pour revoir ce type de mouvement et de discours.

    Je serais dans l'erreur, si je soutenais que l'ADQ est une filiation directe du créditisme. Quand je fait allusion aux anarcho-créditistes, en parlant des Adéquistes, ou encore à l'Union nationale créditiste, pour qualifier l'ADQ, c'est pour la forme. Mon côté punk subversif. Pourtant, quand je suis retourné lire les textes des principaux animateurs du Crédit social, il y a des ressemblances frappantes. Surtout, lorsque je me suis tapé quelques causeries de M. Even, madame Côté-Mercier et les autres apôtres du catholicisme créditiste, enregistré pour la télévision dans les années 50, on croirait entendre...Mario Dumont et ses députés!!! Les mêmes attaques contre la gauche, contre le syndicalisme, contre la présence de l'État dans l'économie, la prétention que toute forme d'interventionnisme correspond à du socialisme (ou du communisme), contre la redistribution de la richesse par la fiscalité (le slogan « Mort aux taxes! ») le côté « Tous pourris! » et anti-partis de ses adhérents... la somme des analogies est assez convaincantes.

    Je vous laisse juger par vous-même :

    http://www.michaeljournal.org/accueil.htm

    Vous y trouverez une mine d'information et d'archives sur le créditisme, d'hier à aujourd'hui. En passant, on dirait que le chef de l'ADQ a le même coiffeur que les membres de l'association, quand on les voit sans leur béret...

    Sur les vidéos des causeries créditistes :

    http://www.michaeljournal.org/filmsWMV.htm

    Pour les comparaisons que j'ai cité plus haut, e vous suggère de visionner les vidéos sur la dette publique, le socialisme (ne vous étonnez pas si M. Even parle des libéraux de Jean Lesage ainsi...), les grèves, tous les vidéos sur les syndicats et ceux de leur refus des partis politiques...bien que madame Côté-Mercier a tenté un geste fort vers les créditistes élus à Ottawa, en essayant de les manœuvrer à son compte et à son mouvement. Vous verrez bien, les « idées nouvelles » de l'ADQ constituent une vieilles idéologie, dans des contenants neufs. Les dollars envoyés aux familles, au lieu des services offerts par l'État, c'est du créditisme. Idem pour les bons à l'éducation, les milliers de dollars pour les naissance, etc.

    Finalement, le néo-libéralisme adéquiste et le créditisme pourraient êtres de la même eau, le simplisme des solutions et le populisme de circonstance?

    En passant, Monsieur Even était un peu sourd et avait un accent français, ça explique sa voix peu radiophonique, pour le Québec...

    Aux grands maux...

    Après avoir constaté qu'il y a détérioration de mon état, depuis ma visite à Louis-H. Lafontaine, j'y suis retourné aujourd'hui, pour demander à nouveau de l'aide. Je suis ressorti avec une prescription de Celexa (Citalopram), d'ici à ce que je passe enfin à l'hôpital de jour, pour une thérapie, en mai. Je suis triste, j'ai l'impression de revenir au même point qu'en 2003. Fini les petites bières et le vin de table. En plus, ce n'est même pas garanti que ça fonctionne. Mais après avoir pété encore les plombs, devant mon incapacité à me concentrer devant mon ordinateur, lorsque je travaille sur ma maîtrise, c'est tout ce qu'il me restait à faire.

     

    (soupir...)


  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Avril 2007 à 18:47
    Crédit Social
    Le Crédit Social n’a rien à voir avec l’ADQ. Ce que l’ADQ propose est la droite classique avec le terme dénaturé autonomiste (contrôle de son crédit de la société). Concernant les valeurs conservatrices, je ne voix pas en quoi la liberté de choix et les valeurs familiales soient ringardes. Tant que ça ne concerne pas juste les riches. Le fait de vouloir privatiser et donner des bons n’est pas du Crédit Social. Il y aurait encore un faible pouvoir d'achat, des faillites à tonne et des monopoles privés. De même, un bon n’est pas de l’argent pour tous avec libre choix. Le Crédit Social est incompatible avec le système actuel. Il faut l’Office comptable Crédit Québec pour émettre des crédits sans intérêt pour la production-consommation du Québec. Donc fini dette publique, taxes-impôts. Comme le progrès désembauche et que le total des chiffres-argents est inférieur au total prix-produits, il est donc normal d’injecter un dividende pour tous venant d’argent nouveau, sans intérêts, pour que l’on puisse acheter notre production. Toute production sera financée par de l’argent nouveau. Les exportations ne seront pas supérieures aux importations et advenant une baisse de la demande extérieur, notre dividende augmentera pour consommer notre surplus de production. Comme ça pu besoin d’attendre après des chiffres d’ailleurs pour activer notre production selon nos besoins. Fini de payer plus d'une fois ce que l'on consomme qu'une fois. Fini de payer le prix de notre production, ça sera au prix de notre consommation. Au lieu d’allez en Colombie Britannique pour planter des arbres, il y aurait l’Abitibi. Ça serait aussi une bonne façon de moins dépendre des monopoles d’état et privés, il y aurait plus de PME. Louis Even: Par quel tour de magie a-t-on réussi à faire croire à un pays capable, par exemple, de construire 50 milles de route, qu'il ne devra en construire que 25, n'aura de permis que pour ces 25 et, en outre, sera endetté envers les dispensateurs des permis pour toute la valeur de construction de ces 25 milles, avec de l'intérêt en plus ? Comment peut-on faire admettre, par des gouvernements, et justifier par des journalistes, un resserrement du crédit financier (des permis), alors qu'il n'y a aucun resserrement de la capacité de produire et qu'il y a encore des demandes à satisfaire ? On pourrait poser cent autres questions du genre, démontrant à l'évidence que le système financier qui nous régit est pourri, qu'il empoisonne la vie économique, qu'il empoisonne les administrations publiques, qu'il empoisonne l'enseignement et les plumes des journalistes, qu'il empoisonne les relations entre les hommes, et qu'il fait tous les taxés que nous sommes payer pour ce poison.
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