• Il est des jours comme ça, comme celui-ci, comme aujourd’hui… Des jours où ce sentiment diffus d’angoisse m’envahit doucement, discrètement, jusqu’à peser de tout son poids sur mon cœur fatigué. Je ne sais pas pourquoi, quel événement, quel mot en est à l’origine. Je ne sais pas pourquoi maintenant, mais c’est ainsi. Je me lève avec cette curieuse nausée de tout, avec cette lassitude collante dont je ne sais comment me défaire. Elle est là. J’essaie de sourire, mais j’ai envie de pleurer. Je regarde le verre à moitié plein, mais je ne le vois pas vraiment. J’essaie de me réjouir du moindre détail heureux, mais la pluie, le gris et la fatigue me harcèlent.

    Peut-être parce que dés que j’essaie d’être simplement moi, ça ne colle pas. Dire ce que je suis, ce que je pense, ce que je ressens en contradiction avec ses attentes, provoque systématiquement une attitude agressive de sa part que j’ai du mal à supporter. Avouer que, oui, les travaux actuels ne m’intéressent pas. Et alors ? Seul le résultat compte et je n’ai plus envie de faire semblant de m’enthousiasmer d’une journée entière passée à déverser des seaux de béton dans des trous. Pour lui, c’est renier ses efforts. Pour moi, c’est juste en avoir assez de tout ça et vouloir concentrer mon attention sur autre chose « en attendant que ça se termine enfin », si ça se termine un jour, ce dont je commence sérieusement à douter.

    Je regarde ma vie et je me sens au bord du précipice. Faut-il continuer ainsi ? La récompense de tous ces efforts, ces années de sacrifices viendra t’elle enfin ? J’idéalise certainement. La vie dans le genre « petite maison dans la prairie » n’est de toute façon pas vraiment faite pour moi, bien que je l’appelle de tous mes vœux, parce que c’est un modèle auquel je suis attaché, ancré dans ma peau, dans ma tête. Et pourtant en parallèle, j’entends le chronomètre tourner, l’horloge afficher les heures, les jours, les années qui défilent, gâchée à attendre en vain un tas de choses auxquelles j’ai fini par renoncer. Se dire que toutes ces choses existent pourtant, sont possibles peut-être, mais qu’il faudrait pour cela faire encore des sacrifices, franchir de nouvelles barrières, s’affranchir du poids des convenances… pour n’être pas certaine de trouver au bout de tout cela ce que j’espère vraiment. Alors à quoi bon ? Mon angoisse est là. Elle se balance entre deux mondes, deux vies, deux envies contraires. Vivre un bout des deux, mais aucune à fond, au fond, ce n’est peut-être pas la meilleure solution…


    7 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires