• Je me suis installé à la campagne avec une idée en tête : planter des racines dans un territoire, m'entourer d'un monde riche, complexe et sauvage. Trouver un endroit pour vivre. Quitter l'instabilité de l'urbain, sa vitesse, ses bruits, ses odeurs, ses innombrables fuites. La foule, la solitude qu'elle impose, la relation continuelle et fragmenté d'une humanité composite. Trouver ici le repos, le silence, l'entourage d'une tribu fidèle et rare. Me familiariser avec des chemins empruntés ici ou là par quelques amateurs, découvrir des refuges entre les arbres que moi seul connaît, prospecter un univers mouvant et pourtant millénaire que mes enfants auraient la possibilité de découvrir à leur tour, comme inchangé malgré l'effervescence organique. Et puis non. Ici aussi, dans la campagne reculée, le capitalisme fait son oeuvre et s'acharne à bouleverser les quelques équilibres hérités des temps anciens, menacés par la destruction permanente des conditions de vie que l'organisation du grand marché mondial impose jusque dans le cœur de nos vies. Ici aussi l'économie prédomine et impose sa loi, ici aussi le travail use, broie et tue à petit feu, ici aussi l'affection s'échange mal entre des individus soumis aux contraintes d'un monde sans avenir. Les choses sont évidemment différentes suivant qu'on les regarde du haut d'une colline aux splendides nuances de gris et de vert ou du dixième étages d'un immeuble perdu au milieu d'une armature de béton. Quand bien même, les lois qui s'appliquent sont les mêmes, et si je ne reviendrais pour rien au monde me fondre dans les lumières de la ville, je ne peux que constater l'impossibilité pour quiconque aujourd'hui de s'extraire de l'insécurité permanente d'être soumis à des lois qui nous échappent et qui nous écrasent. Aimer son prochain aujourd'hui, trouver refuge, se sentir protéger, c'est devenu de l'ordre de l'utopie. Il n'y a qu'une seule façon d'échapper à ce magma de société tentaculaire : l'aveuglement. J'aime la lucidité, la finesse et l'intelligence, quitte à rester vagabond dans ce monde rural et cette terre piétinée par des ancêtres qui n'en croiraient pas leur yeux de voir ce que leurs petits enfants sont en train de lui faire. J'essaie de me mettre à leur place, et de faire les choses suivant leur regard, qu'ils puissent être fiers et enthousiastes que quelques hirsutes et marginaux poursuivent tant bien que mal leur relation au monde, empreinte d'humilité, de patience et d'amour. Certes, le monde n'a jamais été aussi simple, mais il a aussi été comme ça, et il est clair que ce comme ça disparaît aujourd'hui pour laisser place à la logique implacable de la machine et de son chef. Rejoignons cette humanité brouillonne qui ne le laissera jamais enfermée. là est la vie la vraie, là est notre territoire, là sont nos racines.


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    Nous recherchons un outil tracteur pour butter les patates.

    Nous recherchons un petit hangar pour stocker des outils au sec.

    Nous recherchons 31 000 € pour rembourser une ancienne associée qui veut récupérer sa mise.

    Nous recherchons trois hectares de terres agricoles plates, irrigables et proches de la ferme.

    Moi, Q. et F. recherchons l'amour quelque part.

    S. cherche sa voie.

    C. a trouvé un amant après s'être séparé de F.

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    J'ai constaté que les choses de la vie pouvaient être simples, malgré les enjeux profonds de certaines situations, mais que l'esprit, avec son imagination infinie, est capable de faire des montagnes d'indécisions, d'angoisses en créant une infinité de mondes compliqués lorsqu'il s'agit simplement de se positionner.


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    Je n'utilise plus ce présent blog quelques semaines. Pour dire la vérité, j'avais oublié la procédure pour publier les textes. Ma technique était inopérante. Et plutôt que de chercher la bonne manière de faire, je me suis convaincu que le site devait être en panne, tout au moins me concernant, puisque j'ai bien vu que d'autres gens publiaient sans problème. Je viens de re-découvrir le bouton "publier"... no coment.

    Depuis la dernière fois, il s'en est passé. Oui et non.

    Ma copine et moi avons décidé de mettre un terme à notre relation amoureuse. Nous continuons de nous fréquenter, presque quotidiennement puisque nous travaillons ensemble. Mais plus question d'être amant. Je trouve cette situation absurde et embarrasante mais elle a décidé qu'il en serait désormais ainsi. Etant incapable de conserver mon calme et n'ayant aucune patience dans les situations problématique que notre couple fait surgir, je n'ai eu d'autre choix que d'accepter ce nouvel équilibre, tant bien que mal. Elle n'a pas vraiment rompu : elle admet notre amour réciproque, ne veut pas encore y renoncer totalement, refuse de se projeter avec moi ni d'échanger toute affection charnelle tout en se laissant la possibilité de créer à nouveau cette complicité et la possibilité de construire ensemble à nouveau. Comprenne qui pourra. J'en retiens l'essentiel : elle a besoin de temps, elle a besoin de ma patience, et aussi de notre complicité. Elle formulerait probablement les choses différement mais c'est ainsi que je les comprends.

    La vie à la ferme se déroule bien, les choses avancent vite et relativement bien. Nous disposons désormais d'un tracteur qui fonctionne correctement. Un Ford d'une bonne trentaine de chevaux qui permet de faire du bon travail en maraichage. Ainsi que des outils à atteler : deux vibroculteurs, deux herses, une charrue mono soc, un truc à disque pour casser les prairie, un gyrobroyeur. Nous avons mis en culture 2000 m² pour produire des légumes que nous vendrons au marché cet été. Et la serre à plants produit désormais foule de chose telles que tomates, aubergine, salades et poireaux qui se sont vendu pour la première fois ce dimanche au marché de Marcillac. J'ignore encore le montant de la recette, mais l'enthousiasme des clients était palpable.

    La vie suit son cours, avec des remous divers. Pour la première fois depuis des lustres, nous formons un groupe soudé et enthousiaste. La bienveillance et la confiance règnent entre nous, et c'est un véritable repos que de le vivre tranquillement au quotidien.

    vive la suite

    que l'amour nous revienne


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  • Mardi matin, je rentre de voyage.

    Nous nous retrouvons mais comme des étrangers : la séparation nous a fait perdre nos automatismes à deux.

    Ce n'est pas mauvaise chose. Ce décalage nous fait constater notre manière spécifique de nous parler, des postures que l'on n'adopte pas avec d'autres. Des façons de faire qui nous semblent empruntées, fausses, étranges. Nous le constatons avec curiosité et humour. Nous sommes dans le vrai cette fois.

    Le soir même elle tente de me faire l'amour, m'enfourche péniblement et finalement s'écroule en pleurs après avoir joui : elle attend autre chose de nos étreintes et me le dit. Je ne la contredis pas. J'ai plusieurs fois tenté d'en parler en vain. Nous prenons notre plaisir l'un après l'autre. Je me laisse faire, elle m'enfourche et jouie. Puis je la prends à mon tour et je jouis, rapidemment car après sa jouissance, sa volonté et son désir sont émoussés, elle veut me voir venir vite. D'autres fois elle est désirante et sa faim nous amène à réagir vite. Cette fois nous en restons là, je tente de la rassurer.

    Samedi après midi : nous effectuons le processus décrit ci-avant. De la jouissance, pas de larmes. Tentatives pour s'embrasser. Depuis des mois, depuis deux ans ? Nos bouchent se refusent l'une à l'autre. Si je prends beaucoup de plaisir à ses lèvres, ce n'est pas son cas. Nous constatons l'impossibilité de suggérer du désir par ce biais. N'est-ce pas bizarre ? Elle a par exemple cette envie étrange de ne pas échanger nos salives.

    Mardi soir : elle m'approche doucement de ses caresses sur le ventre et la cuisse. Puis s'arrête. Recommence puis s'arrête à nouveau. La caressant également je constate qu'elle se laisse désormais faire sans réagir. Quand je la questionne, elle me répond qu'elle est agacée : je ne la laisse pas faire, elle étouffe. Je lui dis que je peux arrêter de la caresser, que je peux me laisser faire, qu'elle peut me le demander.

    Commence alors une embrouille : elle a le sentiment que je veux diriger nos ébats. Je lui fais remarquer que c'est elle qui décide depuis des mois la façon dont nous faisons l'amour. Qu'elle exige systématiquement ma passivité pour pouvoir prendre son plaisir, et refusent mes caresses et mes baisers. Il est vrai qu'il m'arrive d'être agité quand je suis content de la retrouver : je m'ébroue, je me frotte, je suis fou. ça l'incomode. Elle ne joue pas, le contact impose un rituel, c'est un échange sacré (et lourd).

    On s'est réconcilié. J'ai finalement réussi à m'endormir à ses côtés avec difficulté. Nous ne ferons pas l'amour ce soir là, parce que la tension éteint son désir. Je ressens de l'injustice. Je me sens humilié, de n'être pas l'amant qu'il faut. Ce matin je suis désagréable et je la chasse du lit. Puis je la rejoins pour m'excuser. Fatigués, nous sommes complètement démunis.

    Il nous faut alors envisager la prochaine rencontre, quand nous nous retrouverons dans un lit.

    L'angoisse nous gouverne.


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  • Après cette quinzaine de vacances en métropole lilloise, me voilà de retour dans ma communauté paysanne.

    Le soleil a brillé depuis mon retour, la pluie a fouetté, le vent s'est levé : la grisaille et la lumière s'affrontent.

    J'ai déplacé de la boue, du remblais, du bois. J'ai vissé, nettoyé, brossé, rangé...

    Finalement le retour n'est pas si brutal. Certes le confort et la complicité de l'urbain me manquent. Mais le grand air et l'effort me font du bien.

    Pourquoi le nier c'est un genre d'épreuve que je traverse : une vie instable, pas de chez soi, des amitiés maladroites. Et cette épreuve est définitivement collective, elle amplifie chaque doute, chaque tension à la mesure du nombre.

    C'est mon choix.

    J'étais extrêmement fatigué à mon retour. Hier je me suis couché à 21h et levé à 10h, avec une pause déjeuner entre 5h et 6h30 du matin. Aujourd'hui je me sens lourd, mais sans doute un peu reposé. je supporte mal la fatigue, elle me déprime.

    J'ai aussi le corps fatigué d'avoir tant porté.

    Tout à l'heure nous transporterons une trentaine de sac de terreau pour la saison 2014.

    Et ce soir je dors tôt. J'espère.

    J'ai l'impression d'écrire les banalités d'un quotidien. Qui s'en soucie ?

    moi ?


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